Automobile : Tesla avance ses pions en Chine
Le constructeur automobile américain Tesla a obtenu un important feu vert réglementaire des autorités chinoises en matière de sécurité des données durant la visite éclair en Chine de son patron Elon Musk, qui s’est achevée lundi.
Le richissime propriétaire de Tesla était arrivé dimanche dans la capitale chinoise pour sa seconde visite en moins d’un an dans l’Empire du milieu, plus gros marché automobile mondial. Elon Musk a notamment rencontré le Premier ministre Li Qiang, avec l’ambition de consolider la popularité de ses voitures dans le pays, qui doivent rivaliser avec une féroce concurrence locale. Dimanche, des modèles fabriqués en Chine par Tesla avaient été officiellement inscrits sur la liste des véhicules répondant aux exigences nationales sur la sécurité des données. Il s’agit de la levée d’un obstacle réglementaire majeur.
Position renforcée
Malgré la forte concurrence d’entreprises chinoises, les voitures Tesla figurent parmi les plus vendues en Chine. L’entreprise espère stimuler les ventes dans le pays asiatique grâce à sa fonctionnalité de «conduite entièrement autonome» («Full Self Driving» ou «FSD» en anglais), déjà disponible aux États-Unis.
Cette technologie de conduite assistée serait proche d’obtenir un feu vert des autorités pour être utilisée en Chine, grâce à un partenariat avec le géant local de l’internet Baidu pour les cartes et la navigation, selon l’agence Bloomberg. Dimanche, l’Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM) avait indiqué que la Model 3 et la Model Y, deux véhicules de Tesla produits dans sa méga-usine de Shanghai, étaient conformes aux lois sur la sécurité des données.
La CAAM avait indiqué qu’elle testait des véhicules de plusieurs marques depuis novembre 2023, avec l’aide d’un régulateur national de la sécurité informatique, afin de vérifier comment ils collectaient et traitaient les données. Les tests portaient notamment sur les informations personnelles et les enregistrements de visages à l’extérieur de la voiture.
Selon des analystes, la fonction FSD pourrait aider Tesla à se démarquer sur un marché local déjà bien fourni en véhicules chinois modernes et bourrés de technologies. Les Model 3 et Model Y de Tesla «ont perdu leur compétitivité», estime Tu Le, directeur général du cabinet Sino Auto Insights. «Cela ne garantit certes pas des ventes supplémentaires, mais sans FSD, Tesla n’a rien de nouveau à proposer à des consommateurs qui sont maintenant habitués à voir des nouveautés sur les véhicules électriques tous les six ou neuf mois», poursuit-il.
La Chine en avance sur la transition vers l’électrique
Le prix pourrait également refroidir certains clients. «La FSD de Tesla n’est pas gratuite (…) Je ne pense pas que les actuels propriétaires chinois de Tesla soient prêts à payer pour l’utiliser», indique à l’AFP Zhong Shi, un analyste de l’Association des concessionnaires automobiles de Chine. «De nombreux constructeurs automobiles chinois proposent des fonctions similaires, gratuitement ou à prix réduit.» La Chine est aux avant-postes de la transition vers les véhicules électriques.
«Sur la base des politiques actuelles, près d’une voiture sur trois circulant sur les routes chinoises d’ici 2030 devrait être électrique», a ainsi estimé l’Agence internationale de l’énergie dans son rapport annuel sur les perspectives des automobiles électriques, publié la semaine dernière.
La volonté d’Elon Musk d’assurer l’avenir de Tesla en Chine reflète l’importance de ce marché extrêmement lucratif pour les constructeurs automobiles étrangers. La semaine dernière, deux géants automobiles japonais ont déclaré qu’ils allaient entamer des partenariats avec des entreprises technologiques chinoises pour améliorer leurs capacités en matière d’intelligence artificielle (IA). Toyota a indiqué qu’il allait s’associer au géant chinois du jeu vidéo Tencent pour tenter de capitaliser sur l’appétit croissant des conducteurs en Chine pour les fonctions intelligentes. Nombre de constructeurs étrangers ont a du mal à maintenir leur ventes en Chine dans le cadre de la transition vers l’électrique.
De son côté, le japonais Nissan a indiqué qu’il allait coopérer avec Baidu, toujours en matière d’intelligence artificielle et pour des véhicules destinés au marché chinois.
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO