Électrification : les commissaires européens épinglent l’hybride rechargeable
Un rapport récent de la Commission européenne permet de voir l’hybride rechargeable sous un nouveau jour. Il s’agit des conclusions d’une étude de grande envergure, qui a porté sur plus de 600.000 véhicules, dont 123.740 modèles hybrides rechargeables (PHEV), et qui a dévoilé des écarts significatifs entre les consommations (annoncées et réelles) de ces derniers, dus à un facteur «exogène».
L’hybride rechargeable est souvent présenté comme la panacée, ou plutôt comme un compromis proche de l’idéal entre modèles thermiques et 100% électriques, polluant moins que le premier nommé et ne nécessitant pas forcément un écosystème développé de bornes de recharge. Mais un rapport de la Commission européenne vient battre en brèche cette idée reçue.
En effet, contre toute attente, les véhicules hybrides rechargeables contrôlés par cette commission (qui siège à Bruxelles et qui est présidée depuis 2019 par l’Allemande Ursula von der Leyen), ont affiché des chiffres de consommation jusqu’à 3,5 fois supérieures à ceux annoncés par les constructeurs. C’est l’OBFCM (pour «On board fuel consumption monitoring», «mouchard» qui équipe tous les véhicules neufs vendus depuis le 1er janvier 2021 en Europe, qui a été mis à contribution pour la collecte, à la source et de manière anonyme, des données réelles de consommation d’un échantillon XXL de véhicules hybrides rechargeables, un panel de 123.740 modèles PHEV, et qui a ainsi permis de découvrir le «pot (d’échappement) aux roses», le delta abyssal entre théorie et réalité.
La faute aux automobilistes ?
Il convient de signaler que les constructeurs ne sont pas mis en cause directement par la Commission européenne, qui a expliqué que les écarts sont dus, en partie, à une utilisation inadéquate des véhicules PHEV. Pas de PHEV-gate en perspective, en d’autres termes. En cause, des automobilistes qui n’exploitent pas au mieux l’efficience énergétique de tels modèles, qui ne rechargent pas régulièrement les batteries, ce qui entraîne une surexploitation des moteurs thermiques. Les commissaires européens ont annoncé travailler sur des changements dans le calcul des émissions de CO2. Des amendements qui devraient voir le jour à l’horizon 2025. D’ici là, Bruxelles compte œuvrer en collaboration avec les constructeurs pour la sensibilisation des automobilistes à recharger plus souvent les accus de leur PHEV.
Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO AUTOMOBILE