Patrimoine automobile : le Maroc muscle sa position africaine
La visite officielle de Tiddo Bresters, président de la Fédération Internationale des Véhicules Anciens (FIVA), le 7 octobre 2025 a mis en lumière le rôle croissant du Maroc dans la préservation du patrimoine automobile. Un enjeu culturel mais aussi économique, porté par une dynamique africaine structurée autour de la FMVA et de la FAVA.

La conférence organisée le 7 octobre à Bouskoura, en présence de Tiddo Bresters, président de la FIVA, a cristallisé les ambitions marocaines et africaines en matière de valorisation du patrimoine automobile. En tant que membre actif de la FIVA depuis 2016, le Maroc s’affirme désormais comme un pôle de référence sur le continent. La Fédération Marocaine des Véhicules Anciens (FMVA), présidée par Khalid Kabbaj, joue à ce titre un rôle central, aux côtés de la Fédération Africaine des Véhicules Anciens (FAVA), dirigée par Abdellah Abdellaoui. Cette réunion a réuni des représentants institutionnels, des collectionneurs et des passionnés autour d’un objectif commun : structurer une coopération internationale en matière de préservation du patrimoine automobile, dans une logique de transmission et de développement durable.
Un enjeu culturel inscrit dans l’économie du tourisme et de l’artisanat
Si la dimension culturelle est centrale — la FIVA étant reconnue par l’UNESCO dans le cadre de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel —, l’impact économique de cette activité reste à formaliser. Le potentiel est pourtant bien réel. En France, en Allemagne ou encore en Italie, la filière des véhicules anciens représente plusieurs milliers d’emplois directs et indirects, incluant restauration, tourisme thématique, événementiel, formation et muséographie. Pour le Maroc, la consolidation d’un écosystème autour de cette filière pourrait générer des synergies avec d’autres secteurs clés comme l’artisanat (restauration de carrosseries, sellerie traditionnelle), la formation technique, ou encore le tourisme patrimonial, notamment via des circuits organisés autour des musées et expositions de véhicules d’époque.
Vers une stratégie panafricaine de valorisation
Avec plus de 90 pays membres, la FIVA cherche à renforcer sa présence sur les continents émergents, et l’Afrique représente un axe prioritaire. La visite de Tiddo Bresters au Maroc constitue donc une opportunité diplomatique et stratégique. Elle conforte la légitimité de la FAVA et ouvre la voie à des projets régionaux fédérateurs. Le soutien apporté par des institutions marocaines comme le Royal Automobile Club Marocain (RACM) ou encore les initiatives individuelles, à l’image de l’engagement de Rafik Kamal Lahlou dans l’adhésion du Maroc à la FIVA, témoignent d’un ancrage profond. La coopération Sud-Sud pourrait ainsi s’élargir, avec le Maroc comme tête de pont d’une politique patrimoniale concertée à l’échelle continentale.
Une structuration encore en chantier
Malgré cette dynamique, plusieurs défis restent à relever pour passer du stade événementiel à une filière pleinement intégrée. L’absence de cadre fiscal et juridique spécifique pour les véhicules anciens, les difficultés d’importation de pièces détachées ou encore le manque de formations spécialisées limitent encore le développement du secteur. Une meilleure articulation entre les fédérations nationales, les collectivités territoriales et les opérateurs privés sera nécessaire pour transformer cette impulsion culturelle en véritable levier économique. L’élaboration d’un plan stratégique national, appuyé par des partenariats avec la FIVA, pourrait poser les bases d’une structuration pérenne.
Encadré – Chiffres clés
- 90+ pays membres de la FIVA
- 2016 : Adhésion du Maroc à la FIVA
- 3 fédérations actives : FIVA (internationale), FAVA (africaine), FMVA (marocaine)
- +20 événements annuels liés aux véhicules anciens au Maroc
- Potentiel d’emplois estimé à plusieurs centaines dans les métiers de restauration et d’entretien spécialisés