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Ventes automobiles : le marché du neuf au-delà des sommets

Avec plus de 186.000 véhicules vendus à fin octobre, le marché des voitures neuves franchit un cap inédit. Le record historique de 2018 est déjà dépassé, deux mois avant la clôture de l’exercice. Une performance portée par un effet de rattrapage prolongé, le retour des particuliers et la solidité de la demande institutionnelle.

Le marché automobile vient de franchir un tournant historique. À fin octobre 2025, les ventes cumulées ont atteint 186.415 unités, dépassant déjà non seulement le total de l’an dernier, mais aussi le record absolu de 2018, alors que deux mois de commercialisation restent encore à enregistrer. C’est un fait inédit : jamais le secteur n’avait atteint un tel niveau d’activité à ce stade de l’année.

Un mois d’octobre exceptionnel
Les chiffres du mois confirment cette dynamique. 17.208 véhicules particuliers ont été immatriculés en octobre, contre 12.972 à la même période de 2024, soit une hausse de 32,65%. Les véhicules utilitaires légers, eux aussi, progressent de 15,85%, avec 2.353 unités vendues.

Le total mensuel s’élève ainsi à 19.561 immatriculations, traduisant la vigueur d’une demande soutenue dans un environnement redevenu favorable. Les délais de livraison se sont normalisés, les réseaux de distribution ont retrouvé leur fluidité et les offres commerciales rivalisent d’agressivité. Les concessionnaires profitent pleinement de cette conjoncture, tandis que les particuliers, après plusieurs années d’attentisme, se remettent à acheter.

Un rattrapage prolongé après les années de crise
La performance de 2025 ne doit pourtant pas être interprétée comme une simple surchauffe conjoncturelle. Elle s’inscrit dans un effet de rattrapage prolongé après les années de crise qui ont freiné le marché entre 2020 et 2023. Durant cette période, les perturbations logistiques, la rareté des stocks et la prudence économique avaient gelé une grande partie de la demande.

En 2025, ce report se traduit par un véritable désengorgement du marché qui coïncide avec l’organisation de la CAN et du Mondial prévu en 2030 : entreprises, loueurs, administrations et particuliers renouent avec des cycles d’acquisition nouveaux.

Cette vague d’achats explique en grande partie les niveaux actuels. Le marché marocain ne s’emballe pas : il se remet à son rythme naturel, celui d’un pays dont la motorisation reste en progression et la classe moyenne de plus en plus solvable.

Des positions stables, mais une concurrence renouvelée
La hiérarchie des marques reste dominée par Dacia et Renault, qui conservent une avance confortable grâce à leur production locale et à une politique tarifaire bien adaptée. Ensemble, elles pèsent toujours plus de 40% du marché des véhicules particuliers. Mais derrière ce duo de tête, le paysage évolue rapidement.

Les constructeurs asiatiques — Hyundai, Kia, Toyota — consolident leur ancrage et séduisent une clientèle plus jeune, sensible aux modèles hybrides. Les marques chinoises, désormais bien identifiées, continuent leur percée discrète, cumulant près de 6% de part de marché. Dans les utilitaires, Fiat reste solide leader, suivie par Renault, DFSK et Ford, profitant du dynamisme des secteurs du transport, de la livraison et des services.

Un marché solide en quête d’équilibre
Les fondamentaux du secteur demeurent favorables : la stabilité macroéconomique, la maîtrise des taux d’intérêt et la disponibilité de l’offre soutiennent la demande. Mais cette période d’euphorie commerciale s’accompagne d’un début de normalisation.

La croissance à deux chiffres observée tout au long de 2025 ne pourra être reproduite durablement. Les opérateurs s’attendent à un atterrissage progressif dès 2026, avec un rythme de progression plus modéré. Le marché se dirige vers une nouvelle phase de maturité, où la compétitivité ne reposera plus seulement sur le volume, mais sur la qualité du service, la diversification de l’offre et la transition vers des motorisations plus propres.

Hybride et électrique : une mutation réelle

Les ventes de véhicules hybrides représentent désormais près de 10% du total des voitures particulières, soit le double du niveau observé il y a un an. Le succès de modèles hybrides témoigne d’une adoption croissante des technologies économes, bien au-delà des seuls grands centres urbains. Quant à l’électrique pur, il progresse lentement mais sûrement, soutenu par l’élargissement du réseau de recharge et l’arrivée de modèles plus accessibles. La mutation est engagée : le consommateur marocain n’est plus réticent, il devient curieux et attentif.

Une année charnière pour le secteur

Le bilan à fin octobre consacre 2025 comme une année de bascule. Le marché marocain, longtemps bridé, retrouve une dynamique pleine, tout en amorçant une transformation structurelle profonde. Derrière les chiffres impressionnants se dessine une industrie plus robuste, mieux intégrée et plus diversifiée.

La barre symbolique des ventes annuelles, désormais dépassée, n’est qu’un indicateur : la véritable performance réside dans la capacité du marché à consolider cette croissance et à aborder sereinement la prochaine phase, faite d’innovation, d’hybridation et d’équilibre.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO


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