Berline 100 % électrique : Xiaomi SU7, il était une première fois en Chine…
Le géant pékinois Xiaomi a mis une clim’ terrible au “game” en dévoilant l’U7, un smartphone… sur roues, une limo 100 % électrique aussi connectée qu’élégante, taillée pour fendre l’air et des croupières dans les rangs des constructeurs “traditionnels”. Elle abrite un ou deux électromoteurs et une batterie qui renvoie à leurs études les ingés de la concurrence ! “Unboxing”…
“L’homme sage n’est pas comme un vase ou un instrument qui n’a qu’un usage ; il est apte à tout”, enseignait Confucius. Lei Jung, PDG de Xiaomi, dragon chinois de l’électronique et de l’informatique, sait aussi que l’homme sage n’est pas comme un “Nokia” qui n’a qu’un usage… Dans ce monde où tout va très vite, dans un sens comme dans l’autre, le top management du groupe Xiaomi, fondé en 2010 et devenu, en 2021, deuxième constructeur mondial de smartphones (derrière Samsung et devant Apple), avant de connaître une période de moins bien, a eu la clairvoyance de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, créant une filiale automobile en 2021, Xiaomi Motors, et présentant, fin 2023, son premier véhicule, la SU7, une grande routière 100 % électrique de 4,99 m de long produite en collaboration avec BAIC Motor. Le “wushù shifu” de Xiaomi s’est impliqué personnellement dans le développement de cette rivale directe de la Tesla Model S, de la Lucid Air et autres Mercedes EQE et BMW i5, BYD Seal… En effet, lors du “reveal” de la SU7, Jung a annoncé avoir procédé aux essais de plus de 150 modèles au cours de sa phase de développement. Objectif : fabriquer un produit compétitif au possible, capable de faire vriller les constructeurs rivaux, de les faire partir en “SU7” (sucette) !
“Xiaomi Campbell”…
D’un point de vue esthétique, c’est chez McLaren que ça doit le plus gueuler. La face avant de la Xiaomi SU7 rappelle furieusement celle de la 720S ! Même regard ombrageux que la supercar de Woking, bouclier qui semble être sorti d’un moule quasi identique… Et ça doit être animé chez BYD également, la partie arrière de la nouvelle venue n’étant pas sans évoquer celle de la Seal. Pour le coup, bien que l’inspiration soit moins flagrante, c’est plus problématique, en ce sens qu’il s’agit de rivales frontales. Il n’en demeure pas moins que l’ensemble est cohérent. Et enthousiasmant. Les courbes sont vertigineuses. En mode “Xiaomi Campbell” ! La SU7 a tout ce qu’il faut là où il faut. Pourtant, la forme a suivi la fonction. La grande berline chinoise affiche un coefficient de traînée aérodynamique exceptionnel (Cx de 0,195), synonyme, nous le verrons plus tard, d’une efficience énergétique au top. A bord, c’est la “cité” qui laisse les rivales “interdites”. Ahuries. Sans voix. La vie de palace de l’empire du milieu… du vingt-et-unième siècle. La présentation intérieure est léchée, épurée (comme les Ouïghours, se mouillerait un auteur n’ayant pas notre mesure) et graaave au-dessus de la mêlée en matière de connectivité, ce qui sonne comme une vérité de La Palisse au vu du contexte, du cœur de métier de Xiaomi. Le petit combiné d’instrumentation numérique de 7,1 pouces et l’écran tactile central géant (16,1 pouces), qui se connecte sans fil à tous les smartphones et qui donne accès aux services d’un assistant vocal particulièrement “éveillé”, font le taf de manière très propre, au même titre que les deux écrans tactiles de 7,1 pouces à l’arrière. Mais c’est à l’affichage tête-haute pantagruélique (56 pouces) à réalité augmentée que revient la palme.Il convient de signaler que la SU7 dispose aussi de ce qui se fait de mieux en termes d’ADAS. Elle est notamment équipée d’un capteur LiDAR, placé sur son toit, de même que d’un système de conduite autonome Xiaomi Pilot, piloté par deux puces Nvidia Drive.
Techniques d’avant-garde
Cela dit, c’est sur le terrain de prédilection des constructeurs automobiles “historiques” que Xiaomi fait la plus forte impression. La première auto de sa jeune histoire a été programmée pour tailler des croupières aux meilleures berlines électriques de la place. Dans sa version de base, baptisée (sarcastiquement ? ) Hyperengine V6, la SU7 embarque un moteur de 299 ch et 400 Nm de couple. La variante intermédiaire V6s extrait 374 chevaux et un couple maxi de 500 Nm du même électromoteur, tandis que la version “hautes performances”, répondant au doux nom d’Hyperengine V8, revendique une puissance de 578 ch et 635 Nm de couple. Elle est créditée de performances décoiffantes, atomiserait le 0 à 100 km/h en 2,78 misérables petites secondes. Une McLaren 720S (tiens ! comme on se retrouve !) est battue d’un bon dixième de seconde (2,9 s). Avec ses 1.020 ch, la monstrueuse Tesla Model S Plaid garde quelques longueurs d’avance (2,1 s), mais toutes les autres déclinaisons de la limo texane sont derrière la SU7. En matière d’autonomie, en revanche, la Model S et toutes les grandes berlines de la concurrence ont trouvé à qui parler, à en croire les chiffres avancés par Xiaomi, qui loue l’action conjuguée de l’efficience aérodynamique de chasseur furtif de la SU7 et celle de sa batterie cell-to-body (CTB), architecture similaire à celle de la BYD Seal. En d’autres termes, par souci de sécurité, de rigidité de torsion du châssis et d’équilibre des masses, la base roulante de la limo chinoise, dénommée Modena (Maserati doit apprécier) et développée intégralement par Xiaomi, a été construite autour de cellules LFP (lithium-fer-phosphate) particulièrement fines et dénuées de métaux rares.
Une version “long range” annoncée
Présentant une architecture 800 V, gage de recharges ultra-rapides (+ 220 km d’autonomie en 5 minutes de charge et + 510 km en 15 minutes), les “accus” de la SU7 offrent le choix entre deux capacités (73,6 kWh et 101 kWh pour le SU7 bimoteur). Les rayons d’action sont bons, indépendamment de la configuration. Xiaomi annonce entre 668 km et 800 km, selon le protocole de mesures chinois CLTC, (un peu) plus permissif que le cycle WLTP. Certes, la Model S et la Lucid Air sont devant, mais plus pour très longtemps. La firme chinoise, qui commercialisera la SU7 en Chine courant 2024, annonce l’arrivée prochaine d’une version “long range”, dotée d’une capacité de 150 kWh et offrant une autonomie record de 1.260 kilomètres (cycle CLTC), ce qui doit correspondre à 1.100 kilomètres à l’échelle de la procédure d’essai mondiale harmonisée WLTP.
Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO AUTOMOBILE