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Hypercar : Bugatti Chiron, les diamants sont éternels

Clap de fin pour la Bugatti Chiron ! Le 500e et ultime exemplaire de l’hypercar de Molsheim, dévoilée au salon de Genève en 2016, est sorti des ateliers de la marque. C’est un client canadien qui s’est vu attribuer ce “dernier des Mohicans”, cette hypercar dotée du monstrueux W16 quadri-turbos maison, moteur qui ne devrait pas être reconduit, Bugatti se dirigeant vers un avenir de plus en plus “décarboné”, main dans la main avec Rimac. 

Triste époque que la nôtre ! La chasse aux sorcières a encore fait une victime. La diabolisation du moteur thermique a eu, cette fois, la peau d’une véritable pièce d’orfèvrerie, le W16 8.0 litres quadri-turbos de 1.500 ch et 1.600 Nm de la Bugatti Chiron, constitué de deux blocs V8 ouverts à 15° (des VR8, pour être plus précis).

Après 7 ans de bons et loyaux services, l’hypercar alsacienne rend les armes. C’était gravé dans le marbre. Le groupe Volkswagen avait annoncé, fin 2016, qu’elle serait produite à 500 exemplaires, soit 50 unités de plus que la Veyron 16.4. Cela dit, dans un monde sans diktats du législateur européen, sans Euro 7 et sans cette obsession très jacobine du “zéro émission à l’échappement”, son moulin, son palpitant, le plus gros moteur thermique de la production, dont la carrière a débuté en 2005, à l’époque de la Veyron, aurait pu jouer les prolongations quelques années encore, faire les beaux jours d’une nouvelle hypersportive de la marque. Mais ce moteur hors du commun est désormais perçu comme un anachronisme, une survivance gênante de l’histoire. Pensez donc ! Même les blocs downsizés ne sont plus dans les clous… Si Ferrari et Lamborghini ont annoncé ces dernières années que le V12 avait encore de beaux jours devant lui, Bugatti jette l’éponge. Le prochain modèle du constructeur tournera la page du W16 pour écrire un nouveau chapitre. La marque a annoncé récemment que son futur s’écrira avec Rimac, constructeur croate dont Porsche, autre marque de la galaxie Volkswagen, détient 45 % des parts.

Une hypercar hybride dans les starting-blocks
L’hypercar électrique Rimac Nevera a éteint le “game” en 2020 avec ses 1.914 ch, ses 2.360 Nm et ses chronos de dragster conçu pour tout donner sur le lac salé (0 à 100 km/h pulvérisé en 1,81 s). Autant dire que le modèle qui naîtra des amours de Bugatti et de Rimac risque de “dépoter méchant”. Il est question d’une hypercar hybride, mais il semble exclu qu’elle fasse appel au W16 et à son empreinte carbone d’un autre temps.

Au plan de la compta’, on ne devrait pas perdre au change. Pour ce qui est des sensations pures, en revanche, c’est une autre histoire. Il sera en effet difficile de faire oublier le W16 et les turbos qui lui soufflent dans les bronches, quand bien même ce n’était pas le plus communicatif des moteurs. Un V12 italien à aspiration naturelle, n’importe lequel, montrera des aptitudes autrement plus poussées en matière de “Bel Canto”, de sonorité, par exemple. Il n’empêche que l’effet “réacteur d’avion” qui vous prend aux tripes quand les quatre turbos entrent en action vaut son pesant d’or, ou, à tout le moins, les quelques millions d’euros exigés en contrepartie de cette petite sœur de la Royale (Type 41) et de l’Atlantic (Type 57), entre autres légendes de la marque.

Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que le W16 Bugatti a permis aux productions modernes d’affoler les chronos malgré leur poids de pachyderme (entre 1.838 kg et 1.990 kg pour la Veyron et entre 1.945 kg et 1.995 kg pour la Chiron). La Veyron 16.4 a établi en 2005 un record de vitesse homologué par le Guinness Book à 407 km/h, avant que sa variante Super Sport ne l’améliore sensiblement en 2010, avec une marque de 431,072 km/h. La Chiron, elle, a fait sien le record du monde du 0-400-0 km/h. Une formalité expédiée en 41,96 secondes. Un prototype très proche du modèle de série s’est même attaqué à un plafond de verre : le “300 mph” ! En 2019, Andy Wallace, pilote officiel de la marque, atteignait 304,773 mph, soit 490,484 km/h, au volant de cette Chiron “préparée”.

Un baroud d’honneur tout en sobriété
Signalons, pour finir, que c’est un client canadien qui a hérité du gros lot, de l’ultime exemplaire de la Chiron, un “modèle de base” (si on peut qualifier de la sorte une sprinteuse capable d’atomiser le 0 à 100 en 2,1 s et d’atteindre une vitesse maxi de 420 km/h), sobrement habillé d’une robe sombre “Nocturne” rehaussée de touches cuivrées au niveau de l’arête dorsale, de l’arche latérale, ou encore du voile des jantes, et donnant également à voir, au niveau de la calandre, l’inscription “16”, en référence au monstre qui se terre en position longitudinale centrale arrière. Un dernier représentant de la famille bien plus discret et bien moins onéreux que les nombreux one-off délirants auxquels a donné lieu la Chiron (La Voiture Noire, la Divo, La Centodieci, etc.).

Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO AUTOMOBILE


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