Auto au Maroc. Faut-il céder à la voiture d’occasion ? (dossier)
Entre l’intermédiaire du quartier et le professionnel du véhicule d’occasion (VO), il y a un monde parsemé de risques et d’incertitudes pour tout acheteur qui craquerait au premier regard jeté sur une «occase» clinquante. Voici nos recommandations pour réussir l’achat d’un bon VO et nos conseils pour déjouer l’arnaque.
Si le marché national de la voiture neuve se chiffre chaque année à plus de 160.000 unités vendues, celui des véhicules d’occasion (VO) compte pour au moins trois fois plus! Des transactions qui se font majoritairement via le circuit informel, avec tous les risques qui en découlent. Véhicules volés (notamment à l’étranger), carrosseries accidentées, mais remises à neuf, kilométrages truqués, pannes ou avaries passées sous silence au moment de l’achat… Autant d’infortunes auxquelles l’acheteur s’expose (souvent à son insu) lorsqu’il «s’aventure» dans l’acquisition d’un VO auprès d’une personne ou d’une entité de mauvaise foi. En réalité, seule la voiture d’occasion certifiée par la «maison» peut prémunir de ce genre de surprise. Et pour cause, ces VO, qui proviennent souvent de reprises, sont passés au crible et remis en état pour offrir de bonnes prestations comme à leurs premiers tours de roues ou presque. Pour cela, les services après-ventes des importateurs officiels procèdent de façon professionnelle, selon les préconisations des constructeurs et systématiquement par points de contrôle. Mais d’abord, combien sont-ils à proposer du VO certifié?
Les nouvelles enseignes fiables
Longtemps laissé au secteur informel, le marché du VO a fini par être pris au sérieux par les distributeurs officiels des différentes marques. Parmi eux, le groupe Renault Commerce Maroc (marques Dacia et Renault) a pris le taureau par les cornes pour mettre sur pied son pôle dédié aux VO. Baptisé Renault Sélection, ce département mise sur le professionnalisme des équipes et sur l’outil digital pour faciliter l’expérience client. Dans son centre pilote, ouvert en 2018 au quartier Vita à Casablanca, Renault Sélection assure non seulement la reprise, la remise en état et le stockage des VO, mais aussi le shooting photo du produit pour le rendre mieux visible et appréciable via de simples clicks. Comme Renault, d’autres marques du marché ont décidé de proposer du VO de façon professionnelle. À commencer par Scama (filiale d’Auto Hall) qui propose aussi des «occases» certifiées et de qualité à travers le label dédié aux VO «Ford Approved». Idem pour Kia qui a lancé cette année son activité Kia Occasion avec un premier showroom à Ain Sebaâ, non loin de celui de Global Occaz, filiale externalisée du groupe Bugshan (Hyundai Maroc).
Point commun entre toutes ces enseignes: elles proposent des VO âgés de moins de 5 ans, garantis de 6 à 24 mois, puis surtout ayant subi pas moins de 100 points de contrôle avant leur mise en vente.
L’âge, le kilométrage et les points de contrôle
Souvent très corrélés, l’âge et le kilométrage d’une voiture traduisent l’état réel de ses organes intérieurs et en particulier la performance du moteur. D’où d’ailleurs les agissements peu scrupuleux de certains revendeurs qui traficotent leurs compteurs pour tromper les acheteurs ou, du moins, les plus naïfs d’entre eux. Il est donc impératif de déjouer ce genre de fraude (lire encadré).
En règle générale, un bon véhicule d’occasion sera âgé de 3 ou 4 ans et, idéalement, aura un kilométrage allant de 60.000 à 85.000 km. Hormis ces données, une «bonne occase» comme on dit doit présenter un bon état à différents niveaux, et cela, soit du fait d’une usure modérée ou normale, soit après une remise en état par le propriétaire ou le professionnel qui la met en vente. Font ainsi partie des dizaines de points de contrôle que doit subir un VO : l’état des plaquettes et les disques de frein, l’usure des pneus, l’efficacité de la climatisation, le fonctionnement des différentes fonctions vitales (moteur, boîte de vitesses, éclairage, essuie-glace, désembuage, verrouillage des portes…) et bien entendu les différents aspects extérieurs. Cela va de l’inspection du pare-brise à celle des poignées de porte, en passant par l’étanchéité et l’état de tout le reste de la carrosserie. La clim’, l’autoradio, le réglage des rétroviseurs, la présence d’une roue de secours… Autant de choses qu’il faut aussi vérifier.
Enfin, un bon VO est celui dont l’entretien est effectué de façon régulière, selon les préconisations du constructeur et dont toutes les interventions sont mentionnées sur le carnet d’entretien. Jetez-y un coup d’œil, ce sera d’abord un bon début. Au demeurant, faites plutôt confiance au VO certifié par la «maison».
VO : nos conseils pour éviter les pièges
Comme lors d’un contrôle technique, l’acheteur d’un VO doit le scruter dans le détail et à différents niveaux. À commencer par le kilométrage. Pour déjouer l’arnaque du compteur trafiqué, certains détails comme l’état du volant, celui des sièges ou les garnitures des pédales peuvent renseigner sur la réelle vétusté du véhicule. Attention : le kilométrage n’est pas le seul critère à prendre en compte, il y a aussi les pneus qui doivent présenter une usure normale ou régulière et être changés tous les 40.000 km. Une carrosserie (surtout en bon état) qui présente une nuance de couleur peut cacher une collision réparée. Idem pour un voyant d’airbag qui s’allume sur le tableau de bord qui peut provenir soit d’un faux contact dans la connectique, soit traduire un module d’airbag non remplacé après un grave accident, ce qui est un problème et un organe (vital) coûteux à remplacer. Dans l’absolu, nous recommandons vivement de ne pas se précipiter et d’effectuer un test routier. Cela étant, même si l’essai s’avère probant, il ne permet pas de repérer d’éventuels vices cachés et une marge de doute subsistera toujours sur la fiabilité du véhicule. Il est d’ailleurs fortement conseillé de faire appel à un mécano ou un connaisseur. Généralement, leur œil averti ne se trompe pas !
Jalil Bennani / Les Inspirations Éco Auto