Industrie: Stellantis mise gros aux USA
Avec un investissement record de 13 milliards de dollars annoncé aux États-Unis, Stellantis amorce un virage stratégique pour renforcer sa production et sa compétitivité sur le marché nord-américain, avec 5.000 créations d’emplois à la clé.

Comment Stellantis compte-t-il redessiner sa trajectoire industrielle américaine tout en renforçant sa compétitivité globale ? Le constructeur entend injecter 13 milliards de dollars d’ici 2029 pour relancer ses usines, innover sur ses produits et accroître de 50% sa capacité de production. Une annonce qui illustre l’ambition industrielle du groupe né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler.
Cap sur la relance industrielle américaine
L’enveloppe annoncée par Stellantis représente son plus important investissement unique en un siècle d’existence. Ce plan stratégique vise prioritairement à doper les capacités industrielles de ses usines américaines, en particulier dans le Midwest, berceau historique de l’industrie automobile. Illinois, Ohio, Michigan et Indiana : ces quatre États concentreront l’essentiel des projets, dont la relance de l’usine de Belvidere, en Illinois. Fermée en 2023 et au cœur d’un bras de fer social lors des négociations avec les syndicats américains, cette usine symbolise les tensions passées mais aussi les perspectives de redéploiement industriel. Selon Stellantis, l’investissement permettra de lancer cinq nouveaux modèles et de réaliser 19 actions produits sur la période. Objectif : repositionner certaines marques phares (Jeep, Chrysler) sur des segments clés, notamment les SUV et les véhicules électrifiés.
Un signal fort pour l’emploi et la transition technologique
Le groupe prévoit la création de plus de 5.000 emplois industriels, un engagement de poids dans un contexte où l’automobile américaine tente de réconcilier compétitivité, emploi local et transition énergétique. L’enveloppe inclut des dépenses en recherche et développement, en outils de production, ainsi que des coûts d’approvisionnement. Cette initiative s’inscrit dans la volonté affichée par le nouveau CEO, Antonio Filosa, nommé en juin 2025, de redynamiser le marché nord-américain, historiquement stratégique pour le groupe. « Le succès aux États-Unis nous rend plus forts partout », affirme-t-il, positionnant cette opération comme un levier de compétitivité mondiale.
Contexte syndical tendu, mais dépassé ?
L’annonce intervient moins de deux ans après une grève historique de six semaines dans le secteur automobile américain, impliquant Stellantis, Ford et General Motors. Un accord avait été conclu sous haute tension avec le syndicat UAW (United Auto Workers), autour de garanties sociales, d’augmentations salariales et de la réouverture de sites. Le choix de relancer l’usine de Belvidere est donc hautement symbolique : il matérialise un retour à l’investissement productif dans une région frappée par la désindustrialisation. C’est aussi un signal politique, alors que le secteur est sous pression pour relocaliser l’emploi industriel.
Une dynamique boursière en réaction
À Wall Street, les marchés n’ont pas tardé à réagir : l’action Stellantis a progressé de 5,48% dans les échanges électroniques post-séance, après avoir clôturé en baisse de 2,56%. Une réaction qui traduit la confiance des investisseurs dans la capacité du groupe à transformer cet investissement en gains de parts de marché.
Un pari risqué mais structurant
Avec cet engagement massif, Stellantis prend le contre-pied de certains concurrents qui rationalisent leurs implantations. Il parie sur une reconquête du marché américain, appuyée sur une stratégie produit renouvelée et une base industrielle modernisée. Ce plan s’inscrit dans la continuité de la stratégie « Dare Forward 2030 » du groupe, tout en marquant un changement de ton sous la houlette d’Antonio Filosa, qui cherche à consolider le socle nord-américain. Dans un contexte de transformation du secteur (électrification, digitalisation, pression réglementaire), cette initiative pourrait bien repositionner Stellantis comme un acteur offensif sur le continent américain.