ACTU

BYD : Stella Li dévoile la vision d’un futur électrique partagé

Quand l’une des dirigeantes les plus influentes de l’industrie automobile mondiale choisit le Maroc pour détailler sa stratégie, ce n’est jamais anodin. Stella Li n’est pas venue faire de la communication : elle est venue annoncer un changement de phase pour BYD dans le Royaume. Dans le cadre d’un échange organisé par Auto Nejma et l’Association pour le progrès des dirigeants (APD), elle a livré à Casablanca une vision structurée de la transition énergétique. Le lendemain, lors d’une table ronde en petit comité, elle a détaillé ce que BYD et Auto Nejma comptent réellement déployer dans le pays.

Stella Li est venue parler technologie, stratégie et vision mais, surtout, elle est venue dire ce que BYD compte réellement faire au Maroc.

Un projet énergétique avant d’être automobile
Dès les premières minutes, Stella Li a placé le débat. Son sujet n’était pas seulement l’essor des voitures électriques, mais la refondation de l’écosystème énergétique qui doit les accompagner. L’annonce forte, presque spectaculaire, concerne la future génération de superchargeurs BYD capables d’atteindre 1 000 kW. Ce chiffre n’est pas un symbole : c’est une rupture.

Avec cette puissance, cinq minutes suffisent pour récupérer l’équivalent de 400 kilomètres d’autonomie. Mais l’essentiel n’est pas là. Elle a expliqué que ces stations n’exigent pas un renforcement massif du réseau électrique, car elles intègrent leur propre batterie tampon. Une innovation qui rend leur déploiement possible dans des pays où les infrastructures n’ont pas encore été modernisées et qui place le Maroc dans une position idéale pour devenir un terrain précurseur.

Auto Nejma prévoit d’ailleurs de financer directement ce déploiement au Maroc. Une démarche qui confirme que la marque prend ce marché très au sérieux. Sa lecture du marché marocain est claire : industrie automobile solide, montée en puissance des hybrides, intérêt croissant pour l’électrique, position géographique stratégique. Le Maroc, selon elle, est désormais “prêt” non seulement pour les produits BYD, mais pour l’écosystème technologique qui les accompagne.

BYD, selon elle, arrive avec une autre proposition technologique, centrée sur la puissance, la fiabilité et l’accessibilité. Elle sait que les transitions profondes provoquent des frictions. Mais elle a rappelé que BYD déploie un modèle d’infrastructures reposant sur des investissements privés, indépendants des circuits traditionnels. La clé, selon elle, sera la coordination avec les opérateurs de l’écosystème et, notamment, le réseau autoroutier indispensable pour structurer un réseau cohérent le long des principaux axes du pays.

Une vision mondiale qui éclaire le Maroc
Quand elle évoque l’Europe, son analyse devient presque chirurgicale. Elle constate un ralentissement du 100 % électrique en France et en Allemagne, un marché britannique plus stable, et une Italie qui avance à un rythme différent.

Dans tous ces cas, dit-elle, l’hybride rechargeable prend une place centrale. Pour BYD, c’est le moment parfait pour installer les technologies DM-i dans des marchés émergents comme le Maroc, où elles constituent une passerelle naturelle vers le tout-électrique. Elle cite également l’exemple de Bogotá pour illustrer les modèles financiers innovants : des bus électriques financés non pas par l’État, mais par des investisseurs étrangers, et loués sur de longues périodes. Un montage que le Maroc pourrait, selon elle, adopter sans difficulté.

Répondre aux critiques, non pas par un discours, mais par les faits
Les critiques adressées à la technologie chinoise ne la surprennent pas. Pour y répondre, elle se tourne vers Shenzhen, où les taxis électriques de BYD roulent depuis 2018 sans relâche. Ces véhicules parcourent parfois plus de 500 kilomètres par jour, presque toute l’année. Selon elle, aucune autre flotte électrique n’a été soumise à un tel niveau d’usage réel. Et la longévité de leurs batteries parle d’elle-même.

«Faites de votre client un ami»
C’est sur le terrain humain que Stella Li s’exprime avec le plus de simplicité. Pour elle, la technologie ne suffit pas.

La réussite de BYD repose sur la relation que la marque parvient à nouer avec ses clients. Elle insiste sur l’importance du service, de la qualité, de l’écoute. Puis elle lâche une phrase qui résume peut-être toute sa philosophie : «Quand vous vendez une voiture, vous devez vous faire un ami. Sinon, le client devient votre ennemi.»

Ce que Stella Li a laissé derrière elle, au terme de ces deux journées, est moins un catalogue d’annonces qu’un message stratégique. BYD ne regarde plus le Maroc depuis la fenêtre : le constructeur y projette une présence structurée, progressive, durable.

Denza: une arrivée en Europe et au Maroc pensée comme un moment culturel

La partie la plus révélatrice de son intervention concerne sans doute Denza, la marque premium de BYD. Contrairement à ce que certains imaginent, Denza n’arrivera pas de manière discrète. Le lancement européen, auquel le Maroc sera associé dès le départ, se fera lors d’un événement de prestige, un gala organisé à l’Opéra de Paris.

Un choix volontairement symbolique : associer Denza non pas à la technologie seulement, mais à une forme d’expression culturelle et esthétique. Elle décrit l’expérience Denza en termes presque sensoriels: un habitacle travaillé comme une salle d’opéra, un système audio sophistiqué, une intelligence embarquée particulièrement avancée.

Elle raconte également une démonstration off-road où un modèle a franchi un bloc de 60 centimètres, comme pour montrer que le luxe n’est pas incompatible avec des capacités techniques réelles. Certaines versions dépasseront les 700 chevaux, d’autres s’approcheront du millier. Denza n’est pas là pour copier le premium européen. Elle est là pour proposer autre chose.

Stella Li, architecte de l’essor mondial de BYD

Stella Li s’impose comme l’un des visages majeurs de la révolution électrique portée par BYD. Diplômée en statistiques de l’université Fudan, elle rejoint le groupe en 1996 et contribue très tôt à son expansion internationale, ouvrant d’abord des bureaux à Hong Kong puis en Europe à la fin des années 1990.

Installée ensuite aux États-Unis, elle pilote l’essor nord-américain de BYD, misant sur les bus électriques et les technologies d’énergie propre pour positionner l’entreprise parmi les leaders du secteur. Aujourd’hui vice-présidente exécutive et responsable des Amériques, elle façonne la stratégie globale du constructeur et son influence croissante sur les marchés occidentaux.

En 2025, sa trajectoire est consacrée au plus haut niveau : elle est élue « World Car Person of the Year » par les World Car Awards, une reconnaissance internationale de son rôle déterminant dans la transformation de l’industrie automobile vers une mobilité durable.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO


Du virtuel à la piste : au cœur de la fabrique technologique de Renault Group


Rejoignez lesecoauto.ma et recevez nos newsletters



Bouton retour en haut de la page