Auto Expo 2025 : l’électromobilité mise en scène

Sept ans après sa dernière édition, l’Auto Expo renaît à Casablanca. Opérant un virage stratégique, le salon est entièrement consacré aux véhicules hybrides et électriques. L’objectif affiché par l’AIVAM est d’ancrer la mobilité propre dans les usages des Marocains et de structurer un écosystème national de l’électromobilité.
C’est jeudi 18 septembre que l’Auto Expo 2025 a ouvert ses portes à l’Espace AUDA. Et le changement saute aux yeux. L’événement, absent du calendrier depuis 2018, fait son retour avec une nouvelle ligne directrice : électrifier l’esprit des visiteurs.
L’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM) choisit de consacrer cette édition aux véhicules hybrides et 100% électriques, une première dans l’histoire automobile du Royaume. Un positionnement clair et assumé, dans un contexte mondial où la décarbonation s’impose à tous les maillons de la chaîne automobile.
Sur 3.500 m², 37 stands s’installent, 31 marques se mobilisent, et près de 70 modèles électrifiés se présentent au public. Certaines nouveautés apparaissent en avant-première. Le tout sous la bannière évocatrice : Drive Green, Think Future.
Un marché encore frileux, mais en éveil
Les visiteurs y déambulent, intrigués mais pas toujours convaincus. Et pour cause : malgré les discours, la mobilité électrique reste, pour l’heure, marginale au Maroc. En 2024, moins de 5% des ventes de véhicules neufs concernent des modèles hybrides ou électriques.
Les raisons sont bien connues : prix d’achat élevé, autonomie perçue comme insuffisante, manque de bornes de recharge, fiscalité peu incitative. Mais l’Auto Expo cherche à faire évoluer les mentalités. Les visiteurs peuvent s’asseoir dans les véhicules, parler technique avec les ingénieurs, négocier des offres avec les distributeurs. « C’est en touchant que l’on comprend. Et c’est en comprenant qu’on change », glisse un représentant de marque. L’électromobilité ne se vend pas, elle s’explique.
Un salon vitrine, mais aussi laboratoire
Au-delà de la dimension commerciale, l’Auto Expo joue la carte de la pédagogie. Des panels thématiques s’enchaînent : financement vert, sécurité routière, fiscalité carbone, infrastructures de recharge. L’objectif est double : donner des clés aux consommateurs et créer un espace de réflexion pour les professionnels. L’AIVAM compte sur cette dynamique pour déclencher un effet d’entraînement. Le salon devient un lieu d’intermédiation entre marques et clients, mais aussi entre décideurs publics et acteurs privés. C’est dans cet entre-deux que se dessine l’avenir de la mobilité marocaine.
Une filière à électrifier
L’enjeu dépasse largement la question du transport individuel. Car derrière la voiture électrique, c’est tout un écosystème industriel que le Maroc espère développer. Déjà positionné comme un hub automobile régional, le Royaume vise désormais la montée en gamme : assemblage de véhicules électriques, production de batteries, conception de composants électroniques.
Les grands noms de l’industrie, comme Stellantis ou Renault, sont déjà présents. Mais pour franchir un cap, il faut attirer davantage d’investissements dans les technologies propres. Les établissements de financement (Wafasalaf, EQDOM, Sofac…) se disent prêts à accompagner cette mutation, à condition qu’un cadre clair soit défini. Le virage est amorcé, mais il reste à l’inscrire dans la durée.
Une organisation en cohérence avec le message
Le salon lui-même donne le ton. L’aménagement privilégie les matériaux recyclables, la réduction des déchets et l’optimisation énergétique. L’espace restauration, repensé en food court durable, propose une offre locale et responsable.
«Nous voulons une expérience alignée sur les valeurs que nous défendons», affirme un membre du comité d’organisation. Même la logistique de l’événement se veut exemplaire. Une partie des navettes presse et VIP roule à l’électrique, histoire d’illustrer le message jusque dans les détails.
Un rendez-vous test pour la mobilité verte
L’Auto Expo 2025 se présente comme une réponse à l’urgence climatique, mais aussi comme une opportunité économique. Le Maroc, à la croisée des chemins, peut devenir un acteur majeur de la mobilité propre sur le continent.
Pour cela, il doit fédérer ses forces — publiques, privées, industrielles et financières. Ce salon agit comme un révélateur. Il ne livre pas encore toutes les réponses, mais il pose les bonnes questions. Et s’il ne garantit pas, à lui seul, l’envol du marché de l’électrique, il en constitue sans doute l’une des impulsions les plus structurantes.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO