Automobile au Maroc : un record qui révèle un changement de fond
Le chiffre impressionne, mais il ne dit pas tout. À fin novembre 2025, plus de 208.000 véhicules ont été immatriculés au Maroc, portant le marché automobile à un niveau inédit.
Au-delà du record statistique, l’année agit surtout comme un révélateur. Elle met en lumière un marché longtemps contraint, désormais capable d’absorber une demande restée en attente pendant plusieurs années.
Depuis janvier, la progression reste régulière. Les ventes augmentent chaque mois, sans effet ponctuel ni emballement artificiel. En novembre, plus de 21.600 véhicules ont été écoulés, dont près de 19.200 voitures particulières et 2.400 utilitaires légers. Cette régularité confirme une dynamique structurelle.
Une reprise plus solide que prévu par les professionnels
Les opérateurs du secteur reconnaissent avoir sous-estimé l’ampleur du redressement. Entre 2021 et 2024, le marché semblait plafonner autour de 160.000 à 170.000 unités, freiné par les pénuries, la prudence des ménages et l’attentisme des entreprises.
La reprise était attendue, mais à un rythme plus modéré. Ce qui frappe aujourd’hui, c’est la généralisation de la croissance. Tous les segments progressent. Aucune catégorie ni aucune marque ne domine excessivement. Cette diffusion renforce la crédibilité de la reprise du secteur automobile.
Un marché automobile encore largement sous-équipé
L’un des moteurs majeurs de cette dynamique reste le faible taux de motorisation du pays. Le Maroc compte environ 110 véhicules pour 1.000 habitants, bien en dessous des niveaux observés en Europe ou dans certains pays émergents comparables.
La croissance observée en 2025 ne traduit donc pas une saturation. Elle correspond à un réajustement naturel. Après plusieurs années de reports forcés, ménages et entreprises concrétisent leurs décisions dès que l’offre se fluidifie.
Tourisme et grands chantiers, moteurs discrets du marché
Derrière les chiffres globaux, deux leviers jouent un rôle clé.
Le tourisme, d’abord, connaît une croissance à deux chiffres. Cette dynamique entraîne une hausse significative des achats de véhicules par les loueurs et les transporteurs, notamment sur les segments généralistes.
Les grands projets structurants constituent le second moteur. Infrastructures, équipements publics et préparation des grands événements sportifs génèrent une demande soutenue en utilitaires légers et en véhicules d’entreprise. Cette demande institutionnelle stabilise le marché de l’automobile sur le long terme.
Novembre 2025, un mois particulièrement révélateur
Le mois de novembre illustre parfaitement cette tendance. Les ventes de voitures particulières progressent de 38 % sur un an, tandis que les utilitaires légers affichent une hausse de 26 %.
La montée en puissance des ventes flottes chez plusieurs marques généralistes confirme l’ancrage de la reprise dans l’économie réelle.
Vers un atterrissage maîtrisé du marché automobile
À l’approche de décembre, traditionnellement le mois le plus dynamique, les projections convergent. Le marché devrait clôturer l’année entre 235.000 et 240.000 unités, un seuil jamais atteint.
Ce niveau marque un changement d’échelle, plus qu’un simple pic conjoncturel. Les professionnels restent toutefois prudents. Une croissance à deux chiffres ne peut pas devenir la norme. Dès 2026, une phase de normalisation est attendue, avec des volumes élevés mais une progression plus modérée.
Plus qu’un record, un signal pour l’automobile marocaine
L’année 2025 ne se résume pas à une performance chiffrée. Elle confirme que le marché automobile marocain dispose désormais de fondamentaux solides.
Le secteur devient plus profond, mieux réparti et moins dépendant des aléas logistiques. Il s’oriente progressivement vers une montée en gamme de l’offre.
Le véritable enjeu commence maintenant : transformer cette croissance en développement durable, structuré et qualitatif. Le record est atteint. La maturité reste à consolider.
