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Électromobilité : un virage amorcé, mais encore discret

À fin août 2025, seuls 0,5% des véhicules neufs immatriculés au Maroc sont 100% électriques. Les hybrides, toutes catégories confondues, atteignent 8%, confirmant leur posture de transition. Le thermique reste largement dominant mais le mouvement est enclenché, timidement.

731! C’est le nombre de véhicules électriques immatriculés au Maroc à fin août 2025. Sur un total de 146.590 voitures neuves, cela représente 0,5% du marché. Une part encore marginale, face à l’écrasante domination du thermique (90% des ventes). Entre les deux, les hybrides s’installent progressivement, avec 8% du marché, confirmant leur posture de transition.

Les hybrides s’imposent comme tremplin
Dans le détail, les hybrides simples dominent avec 7.295 unités, suivis des rechargeables (3.464) et des mild-hybrides (2.745). Ensemble, ils constituent une alternative crédible pour un consommateur encore hésitant. L’hybride rassure, combinant innovation et autonomie classique. L’électrique pur, lui, reste perçu comme une solution exigeante, voire contraignante.

Une offre abondante, une demande prudente
Dans les concessions, l’électrique ne manque pas. Plus de 110 modèles électrifiés sont disponibles, contre une poignée il y a encore quatre ans. Des SUV, des citadines, des berlines, parfois à partir de 200.000 dirhams. L’Auto Expo entièrement consacré aux véhicules hybrides et électriques, qui se tient jusqu’au 28 septembre, sera l’occasion pour découvrir l’offre disponible en la matière. Ceci étant, le consommateur observe, compare… et attend. Non pas uniquement pour des raisons de prix, désormais plus accessibles, mais surtout par crainte de l’usage au quotidien. La question des infrastructures revient sans cesse.

Un réseau en progrès, mais encore inégal
Le Maroc dispose de plus de 1.600 bornes de recharge, dont 150 rapides. Un chiffre encourageant, mais encore concentré sur les grands axes et les métropoles. Pour un automobiliste casablancais, équipé d’une borne domestique, la transition est possible. Mais pour un conducteur en région, l’anxiété de l’autonomie reste bien réelle.

Des bénéfices tangibles pour les pionniers
Ceux qui franchissent le pas n’en reviennent pas déçus. Coût d’usage réduit (1,5 DH pour 100 km en recharge nocturne), entretien minimal, primes d’assurance avantageuses. S’ajoutent à cela des exonérations fiscales et, dans certains cas, une vignette gratuite. Un entrepreneur casablancais résume : «Depuis que je roule électrique, je ne regarde plus les prix à la pompe.» Le tableau est séduisant, mais il reste encore réservé à une minorité urbaine et aisée.

Une industrie prête à basculer
Sur le plan industriel, le Maroc est bien positionné. Les usines de Tanger et de Kénitra tournent à plein régime. Les projets de batteries et de production locale de véhicules électriques existent. Le pays dispose des infrastructures industrielles et logistiques pour accompagner ce virage. Mais la dynamique intérieure doit suivre. Sans volumes suffisants, il sera difficile d’attirer durablement les investissements dans la filière électrique.

Changer les usages, pas seulement les moteurs
La transition ne se limite pas à l’offre. Elle suppose aussi un changement de culture. Planifier ses trajets, s’habituer à recharger, accepter de nouvelles habitudes de conduite. Pour l’instant, l’électrique reste l’affaire de pionniers. Les hybrides, eux, servent de passerelle mais le saut n’est pas encore franchi.

Un rôle clé pour l’État

Les pouvoirs publics affirment leur volonté d’accompagner la transition. Aides à l’achat, incitations au leasing, subventions pour les bornes privées, extension du réseau : plusieurs pistes sont étudiées. Pour transformer l’essai, des mesures concrètes et visibles seront nécessaires.

Pas encore la bonne vitesse

Le Maroc avance. L’offre est riche, les infrastructures progressent, les industriels sont prêts. Mais la demande reste timide. Pour accélérer, il faudra lever trois freins majeurs : le coût perçu, la crainte de l’autonomie et la méconnaissance du produit.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO


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