Électrification : Bentley Continental GT Speed, “The Iron Lady”
Qui a dit que la quadrature du cercle était insoluble ? Celui-là n’a visiblement pas encore pris connaissance de la fiche technique de la nouvelle Bentley Continental GT Speed, la quatrième du nom et la première à sacrifier à la mode de l’électromobilité. Le deuxième véhicule PHEV de la marque au “B ailé” (après le Bentayga) est aussi la Bentley de route la plus puissante jamais produite. Sa transmission hybride ultra-performante produit une puissance cumulée de 782 ch et un couple de 1.000 Nm, tout en faisant montre d’une frugalité et d’une efficience à faire passer une petite GTI pour un puits sans fond !
Apparue en 2003, la Continental GT, première Bentley développée sous la houlette du groupe Volkswagen, s’est vendue à 66.000 exemplaires au cours de sa carrière. Ses remplaçantes de 2011 et de 2018 ont également rencontré le succès. Avant l’arrivée du Bentayga, c’est ce Coupé fastueux qui a été l’artisan principal de la renaissance de Bentley. C’est lui qui a mis fin à ses années de vaches maigres, qui l’a placée sur les rails du succès ! La manufacture de Crewe a livré 13.560 véhicules dans le monde en 2023 (la troisième meilleure performance de son histoire), pour un bénéfice d’exploitation de 589 millions d’euros et une rentabilité de 20,1 %.Tous les voyants sont au vert, autrement dit.
Le “British Racing Green”, forcément ! Et ils devraient passer au “Tourmaline Green”, interprétation moderne, up-to-date, plus éclatante, du vert emblématique de la marque “british”, suite au “reveal” de la quatrième génération de la Continental dans ces deux variantes les plus désirables, la GT Speed et son spin-off olé-olé, topless, cabriolet, la GTC Speed, lancée pour la première fois en même temps que le Coupé. Il ne fait absolument aucun doute que les carnets de commandes de ce duo vont s’épaissir à la vitesse grand V ! La nouvelle GT(C) Speed est une fusion d’artisanat et de tech. Elle concentre le meilleur du savoir-faire “anglo-saxon”, repousse les frontières du possible, abrite une motorisation hybride rechargeable novatrice qui fait d’elle la première Continental électrifiée et le second modèle PHEV de la marque, après le Bentayga. Pour rappel, Bentley a retardé à 2026 l’apparition de son premier BEV, de son premier véhicule 100 % électrique, programmé initialement en 2025. Objectif : se focaliser sur le PHEV.
Force (respectueuse) de la nature
L’architecture Ultra Performance Hybrid de la Continental, inspirée par la Porsche Panamera Turbo E-Hybrid, remplace le W12 6.0 l biturbo de la Conti GT Speed III. Elle fait appel à un V8 4.0 l biturbo de 600 ch et à un moteur électrique de 190 ch. Cette association de bienfaiteurs développe une puissance cumulée de 782 ch et un couple maxi tout aussi stratosphérique, qui atteint 1.000 Nm tout ronds ! Cela fait de cette “newcomer” le modèle le plus puissant jamais produit par Bentley. Avec ses 659 ch et ses 900 Nm de couple, l’aînée ne peut pas lutter.
Cette quatrième génération de la GT Speed s’affranchit du 0 à 100 km/h en 3,2 secondes. Le gain par rapport au modèle sortant s’élève à quatre dixièmes de secondes. En revanche, la marque anglaise annonce un statu-quo au niveau de la vitesse maxi. Les GT Speed d’hier et d’aujourd’hui peuvent “cruiser” à 335 km/h. Grâce à son architecture électrique de 400 volts et à sa batterie de 25,9 kWh, la GT Speed revendique une autonomie de 81 km en mode tout-électrique et des émissions de CO2 de 29 g/km seulement. Côté recharge, le plein demande 2 heures et 45 minutes sur une borne de 11 kW en courant alternatif.
Cette nouvelle Bentley est la preuve roulante que l’électrification n’est pas un tue-l’amour. On peut être un modèle d’efficience et affoler les chronos, voire claquer un temps sur circuit, papillonner de virage en virage avec l’aisance d’une supersportive. En mode GT3 RS Speed… Cette GT pantagruélique est en effet en mesure de faire oublier son gabarit (près de 4,90 m de long) et son poids grâce à ses dessous d’exception, à son “Bentley Performance Active Chassis”, qui fait travailler en bonne intelligence une transmission intégrale active avec vectorisation du couple, un différentiel à glissement limité électronique eLSD, un système à quatre roues directrices, un contrôle antiroulis actif électrique 48V Dynamic Ride, des amortisseurs à double valve…
Retour en terrain connu
Pionnière à plus d’un titre, la nouvelle itération de la Continental GT Speed est aussi une ode au classicisme, aux dogmes de la manufacture de Crewe, à l’art de vivre “british”. Sa silhouette, ses proportions générales, sont proches de celles des générations passées, toujours aussi voluptueuses. Les “hanches” généreuses sont toujours là, la calandre béante iconique aussi, bien qu’elle ait été assez profondément remaniée, mais la face avant a fait fi de l’un des gimmicks les plus emblématiques de la lignée, les doubles feux circulaires. Ils ont cédé la place à des éléments ovoïdes d’un seul tenant, parcourus par une flèche horizontale qui vient se “planter” sur la naissance des ailes de cette GT sculpturale et composés de 120 LED matricielles contrôlées numériquement. Les boucliers avant et arrière semblent avoir été empruntés au cousin de Sant’Agata Bolognese tant ils contribuent à l’agressivité de la bête, qui s’offre une malle concave, moins massive que celle de la GT Speed III, qui fait l’impasse sur le déflecteur mobile de cette dernière, qui donne à voir des feux arrière en amande, des canules d’échappement façon “Grosse Bertha” !
La Continental GT Speed PHEV emploie la même recette à bord, un cocktail savoureux de tradition et d’avant-gardisme. On évolue en terrain connu en ce qui concerne la présentation intérieure, fruit des amours d’un boudoir victorien et d’un penthouse ultra-moderne de The Shard, le gratte-ciel le plus dingue de Londres. Un sanctuaire du luxe ! Les matériaux les plus nobles rivalisent d’éclat à bord de ce carrosse royal fabriqué à la main, au sein de la Dream Factory de Bentley, à Crewe. La marque indique que le nouveau motif matelassé sur les sièges et les contre-portes s’inspire de l’univers de la mode.
Luxe et “voluptech”
L’univers de la “Silicon Valley” a également été une source d’inspiration. On retrouve la dernière version du Bentley Rotating Display, la fameuse console centrale à trois visages. Elle offre le choix entre un écran tactile de 12,3 pouces donnant accès à une connectivité plus poussée qu’avant (Apple CarPlay et Android Auto sans fil, système “My Bentley App Studio” inédit, permettant de télécharger des applis, de gérer aux mieux la recharge du véhicule…), un cluster d’instrumentation analogique, composé de trois cadrans à aiguilles, et un insert du plus bel effet. Le combiné d’instrumentation derrière le volant a été redessinée, pour sa part, et peut désormais se synchroniser avec la navigation par satellite, tandis que la liste d’ADAS s’est sensiblement allongée. Les débuts commerciaux la Continental GT IV auront lieu à la rentrée, à partir de septembre prochain. Ses tarifs n’ont pas été révélés pour le moment.
Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO AUTOMOBILE