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Hypercar hybride rechargeable : Bugatti Tourbillon, tout simplement étourdissante !

La troisième hypercar de l’histoire moderne de Bugatti a été dévoilée récemment à Long Beach, en Californie, là où la densité au mètre carré de prospects pleins aux as a longtemps été la plus importante du globe. Et on peut vous certifier que depuis les quelques autres îlots dorés que sont le Moyen-Orient, Shanghai, ou encore Monaco, les projecteurs étaient braqués sur ce “reveal”. Après la Veyron et la Chiron, place à la Tourbillon, qui étrenne un V16 hybride inédit et un trio d’électromoteurs, et s’offre des portes en élytre, un habitacle dont les pauvres mots d’un sombre auteur ne sauraient décrire la somptuosité… Aberrant !

“En horlogerie, un tourbillon, également appelé “cage tournante”, est une complication horlogère…”, dixit Wikipedia, qui nous apprend aussi qu’à cause de sa complexité, ce mécanisme n’équipe que très peu de montres. Certaines des plus dignes représentantes du genre sont le “Graal” des amateurs de “bobinos”, et s’affichent à des prix qui dépassent l’entendement. Un exemplaire de la vertigineuse Patek Philippe Sky Moon Tourbillon a été vendu en ligne par la maison d’enchères Christie’s en 2023 à 5,3 millions d’euros ! Tout ça pour vous dire que la nouvelle hypercar de Bugatti, l’héritière de celle qui a inventé cette ultra-niche, la Veyron (2005-2015), et de la néo-retraitée Chiron, lancée en 2016, s’affiche à un prix d’amis : 3,8 millions d’euros. Un tarif d’autant plus amical que le rapport poids-encombrement-visibilité-prix est très largement en défaveur de la toquante de l’horloger de Plan-les-Ouates.

Shakira vous dirait qu’à ce petit jeu-là, même une Casio ne peut lutter face à la nouvelle Bug’ ! Plaisanterie mise à part, la Tourbillon réclame 600.000 euros de plus que l’hypercar baptisée en hommage au pilote auto monégasque Louis Chiron. Une paille (pour les happy few) ! Et puis, c’est bien connu : quand on aime, on ne compte pas ! On se laisse emporter par le tourbillon des plaisirs !

Le tourbillon des plaisirs
L’auguste manufacture alsacienne a encore fait des siennes ! Comment résister aux lignes vertigineuses, impétueuses, de cette Tourbillon, à sa face avant plus féroce que celle de la Chiron, plus massive aussi, dominée par une calandre en fer à cheval “hypertrophiée” ? Comment ne pas succomber devant ses yeux plissés, qui dardent une signature lumineuse proche de celle de la sommitale La Voiture Noire, à son capot à l’arête centrale protubérante… La Tourbillon s’est servie dans le dressing de la Chiron, lui a emprunté la ligne en forme de C au niveau des portières, à l’ouverture en élytre, désormais, tandis que la partie arrière est marquée par la présence d’un diffuseur arrière finement ouvragé, de doubles sorties d’échappement qui ne le sont pas moins et de feux du plus bel effet également. À bord, il était une fois la révolution. La Tourbillon est le premier modèle de la marque à hériter d’un écran.

Depuis le rachat, en 1998, de Bugatti par le groupe Volkswagen, le principal artisan de cette acquisition, feu Ferdinand Piëch, avait mis un point d’honneur à ne pas équiper la Veyron d’un tel artifice, à ses yeux incompatible avec le caractère intemporel de sa “progéniture”. Les premiers écrans multimédia, ceux dont ont hérité les modèles premium du début des années 2000, donnent raison au petit-fils de Ferdinand Porsche. Ils ont très mal vieilli, ont senti la naphtaline beaucoup plus rapidement que n’importe quel autre élément des planches de bord qui les accueillent. Pour que l’écran auquel a droit la Tourbillon ne constitue pas un “problème” dans le futur, il est escamotable.

Ainsi, son habitacle, théâtre d’une orgie de cuir, d’aluminium, ou encore de cristal, pourra combattre l’offense du temps, cacher la poussière sous le tapis si l’écran n’est plus “présentable”. Derrière le somptueux volant à moyeu fixe de la Tourbillon, le combiné d’instrumentation est analogique, fantasmagorique. Ses cadrans à engrenages apparents sont un clin d’œil appuyé au monde de l’horlogerie. Le tachymètre, qui occupe une position centrale, est gradué jusqu’à 550 km/h. La zone rouge du compte-tours est himalayenne elle aussi, débutant à 9.500 trs/min. Les joies de l’atmo !

Un V16 atmo et 3 électromoteurs !
On en arrive à l’Everest de cette Tourbillon, à son joyau. Après près de 20 ans de carrière, le W16 8.0 l et les quatre turbos qui lui ont servi de lieutenants sous le capot de la Veyron, puis sous celui de la Chiron, ont rendu les armes. La firme de Molsheim a remplacé ce Titan suralimenté par un groupe motopropulseur hybride rechargeable. Une première chez Bugatti. Le nouveau moteur thermique est encore plus noble, plus “naturel”. Il compte le même nombre de cylindres, mais les siens sont disposés en V.

Développé en collaboration avec Cosworth, ce V16 atmosphérique (“naturally aspired”) est une pièce d’orfèvrerie qui affiche une cylindrée de 8,3 litres, une puissance de 1.000 ch et 900 Nm de couple, un moulin d’exception qui travaille de concert avec une boîte robotisée à double embrayage à huit rapports, avec deux blocs électriques de 340 ch chacun, placés sur le train avant, et avec un troisième électromoteur lui servant de voisin, placé comme lui en position centrale arrière et développant autant de watts que ses deux frangins.

Ce quatuor intimidant envoie une puissance cumulée de 1.800 ch aux quatre roues. C’est 200 purs-sang de plus que la plus furax des Chiron, la Super Sport ! Vous vous en doutez certainement : les perfs sont insolentes ! La Vmax peut atteindre 445 km/h avec le concours de la “Speed Key” et “plafonne” à 390 km/h en configuration “peace and love” ! Le 0 à 100 km/h est pulvérisé en moins de deux secondes, le 0 à 200 km/h en 5 secondes et le 0 à 300 km/h en moins de 10 secondes ! La Chiron est battue à plate couture, prend plus de 4 dixièmes dans la musette sur le 0 à 100 et exige 3 secondes de plus pour passer de l’arrêt à 300 km/h.

Elle est également larguée en termes de vitesse de pointe ! La batterie de 25 kWh qu’abrite ce missile PHEV lui permet d’afficher un rayon d’action maximal de 60 kilomètres en mode 100% électrique. Gageons, cela dit, que les veinards qui peuvent se payer un tel bijou ne pourront pas se passer bien longtemps des vocalises du V16, qui promettent d’être plus émouvantes que celles du W16. C’est peut-être le seul reproche qui peut être fait à la Veyron et à la Chiron. Les sifflements des turbos étouffaient la voix du W16 !

La plus rare des trois
“Ce qui a déjà été inventé appartient au passé, seules les innovations sont dignes d’intérêt”, aimait à dire feu Ettore Bugatti. Il fallait se lever tôt pour faire mieux que la Chiron. Mission remplie. Cent fois sur le métier, Molsheim a remis son ouvrage. Cela ne fait aucun doute. Le travail en soufflerie, pour optimiser l’aérodynamisme de cette sprinteuse sculpturale, pour gérer au mieux les flux d’air, a été conséquent. Les pièces mobiles, comme l’imposant aileron actif, qui favorise, à la carte, en fonction de son degré d’inclinaison, la portance, la stabilité, ou le freinage, sont légion.

Forte d’un châssis en fibre de carbone, synonyme d’un poids raisonnable (1.995 kg, soit un embonpoint de près de 20 kg par rapport à la Chiron malgré la présence de 4 moteurs), de suspensions pilotées en aluminium, d’énormes freins carbone-céramique, de pneus Michelin Pilot Cup Sport 2 conçus spécialement pour elle, qui affichent 20 pouces à l’avant et une “pointure” de plus à l’arrière, la Tourbillon sera produite à 250 unités seulement. À comparer aux 500 Chiron et aux 450 Veyron sorties des chaînes (en or) de Molsheim.

Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO AUTOMOBILE


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