Grande routière : Mercedes Classe E, nouvelle Masterclass
Alors que l’automobile obéit à de nouveaux dogmes, la nouvelle génération de la Mercedes Classe E fait de la résistance. Dépositaire d’une tradition quasi séculaire, elle aurait pu déposer les armes, s’incliner, de guerre (c)lasse, devant l’avènement de l’EQE, son double venu du futur (proche). Mais elle a su garder le cap contre vents et marées. Et cela se matérialise par le prolongement du bail du turbodiesel sous son capot. Un bloc doté d’une hybridation légère, cela dit, et qui cohabite avec une variante PHEV essence. Des racines et des ailes.
“All-time best-seller” de la marque à l’étoile, produite à plus de 16 millions d’exemplaires depuis ses débuts, qui remontent à Mathusalem, à 1946, donc plutôt à Marshall et à son méga plan de relance, la Mercedes Classe E incarne depuis près de 80 ans toutes les valeurs de l’industrie automobile allemande. Et elle ne compte pas passer docilement la main à sa “prude” sœurette 100 % électrique, l’EQE. Tant que la législation le permet, elle compte rester en tête des “charts”, surtout dans les parties du globe comme les nôtres, qui renâclent au changement.
Sur notre marché, où elle vient d’effectuer ses débuts, elle mise toujours sur le moteur qui lui a permis de bâtir son empire, le bon vieux diesel. Une autre version, hybride rechargeable essence, est disponible au catalogue. Mais le volume, ce n’est pas la E 350 e, excellente, au demeurant, qui va aller le chercher. C’est pour la E 220 d ! Un positionnement idéal sur notre marché, réfractaire à l’avant-garde, et un blase qui fleure bon le passé. L’iconique W123 (1976), notre fameux “taxi byed” national, le portait déjà. Evidemment, la sixième génération de la grande routière de Stuttgart abrite sous son long capot un quatre cylindres 2.0 turbodiesel des plus modernes, efficient au possible, un bloc doté d’une hybridation légère. On n’est clairement pas dans les “seventies”, mais toujours dans le monde que l’on connaît, cela dit, dans le monde que l’on a apprivoisé, que beaucoup chérissent et dont ils ne se résolvent pas à faire le deuil. Vous voulez un aller simple pour le “turfu”, le monde d’après ? L’EQE est faite pour vous. La nouvelle Classe E 220 d est, pour sa part, la candidate idéale pour ceux qui glissent le vote “conservateur dans l’urne.
“Aristo encanaillée”
On se dit que le moteur à combustion a de beaux jours devant lui quand ce sont de tels candidats qui le représentent. Le moulin diesel de la grande routière allemande développe 197 ch et 440 Nm de couple. Il bénéficie cependant d’un boost de 23 ch et de 205 Nm, des bonus à mettre au crédit de la micro-hybridation, de l’alterno-démarreur, du générateur et du réseau électrique 48 V.
Objectif : la quadrature du cercle, les chronos en même temps que l’efficacité énergétique. La Classe E 220 d est créditée d’une vitesse maxi de 238 km/h. Et il ne lui faut guère que 7,6 secondes pour passer de l’arrêt à 100 km/h. La E 350 e n’a besoin, pour sa part, que de 6,4 s pour passer de 0 à 100 km/h, mais rend deux petits kilomètres/heure à la E 220 d en termes de Vmax (236 km/h). Il faut dire qu’elle embarque un groupe motopropulseur de choc, composé de la même transmission que la variante diesel, l’excellente boîte auto 9G-Tronic, d’un 4 cylindres essence 2.0 l de 204 ch et 320 Nm de couple et d’un bloc électrique de 129 ch et 440 Nm alimenté par une batterie d’une capacité de 25,4 kWh.
Mercedes annonce une puissance combinée de 230 ch et un couple maxi de 550 Nm, de même qu’une autonomie en mode tout électrique pouvant dépasser le seuil des 100 km. A l’aise en toutes circonstances, ce “carrosse” de près de 5 mètres de long (4,95 m de long, pour être plus précis) bénéficie d’un empattement étiré d’un peu plus de 2 cm par rapport à la génération suppléée. Traduisez : habitabilité encore plus généreuse et coffre présentant une capacité plus honorable que jamais (540 l) pour ce salon roulant au look plus statutaire que la statue de la liberté, le christ rédempteur (de Rio) et la Vénus de Milo réunis.
La grande berline d’affaires dans son expression la plus pure, attachée aux traditions, tout en dictant les nouvelles tendances. Ou en les faisant siennes. En attestent ses optiques avant et sa calandre, intégrées dans un masque noir façon EQE. Ces deux éléments contribuent à la signature lumineuse avant, l’ourlet de la légendaire calandre Mercedes s’illuminant désormais, même quand le véhicule est en marche.
D’autres détails comme les poignées de portes affleurantes rappellent la E électrique, mais la doyenne a également exploré sans l’aide de quiconque d’autres voies stylistiques que celles que ses aînées ont tracées. Ses feux arrière en deux parties donnent à voir une signature lumineuse rock n’roll et qui n’était jamais apparue dans les radars auparavant, en forme d’étoile.
C’est Byzance 3.0 !
Ceci étant, c’est l’habitacle du nouvel opus qui prend le plus ses distances par rapport au passé de la Classe E. La présentation intérieure illustre la volonté de Mercedes de permettre à sa grande routière “thermique” de lutter à armes égales avec l’EQE. Trois finitions, les Avantgarde, Luxury et AMG Line, figurent au catalogue marocain. Et c’est Byzance 3.0 dès le premier niveau.”Bsa7teck” la “Tech” ! L’éclairage d’ambiance actif, mais surtout l’ensemble formé par l’instrumentation numérique de 12,3 pouces et par l’écran tactile central de 14,4 pouces, impressionnent. Mais un peu moins que quand l’Hyperscreen, disponible en option, est de la partie. Un autre écran de 12,3 pouces, placé en surplomb de la boîte à gants, est alors appelé en renfort.
Dans les deux cas, c’est le système multimédia MBUX et son intelligence artificielle au taquet, “incollable”, qui se commande à la voix ou via l’écran central, qui gèrent tout «backstage». Les tarifs de la nouvelle Classe E démarrent à 649.000 DH. Et on ne saurait trop vous recommander de lâcher ce qui vous sera exigé en contrepartie de l’Hyperscreen. C’est une option, mais la rater n’en est pas une. D’autres options sont recommandables. Citons l’incroyable système de sonorisation surround Burmester 4D, la suspension pneumatique Airmatic, ou les quatre roues directrices, entre autres upgrades magiques. La facture peut rapidement gonfler. Il n’en demeure pas moins que les tarifs catalogue sont bien étudiés.
Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO AUTOMOBILE