Rallye : Immersion au cœur de la machine Dacia Sandriders

Au cœur du Nasser Camp, près de Barcelone, l’équipe Dacia Sandriders a réuni ses pilotes vedettes pour un moment d’échange, de partage et d’entraînement. Cet événement a permis d’affirmer les ambitions de l’équipe pour le Dakar et de rappeler l’importance du Maroc dans la stratégie du constructeur.
Au milieu des pins catalans, le camp de base de Nasser Al-Attiyah, pilote de l’équipe Dacia Sandriders et 5 fois vainqueur du Dakar, a accueilli l’ensemble de la formation Dacia Sandriders le 4 juin. Ce lieu discret a servi de décor à un moment de cohésion pour une équipe en pleine ascension, bien décidée à s’imposer sur le prochain Dakar. Plusieurs journalistes étaient présents, notamment venus d’Espagne, de France et du Maroc, pays au rôle clé dans le développement du véhicule. Les invités ont aussi eu l’opportunité de prendre le volant du tout nouveau Dacia Duster 4×4, fraîchement présenté. Ce modèle, à la fois robuste et maniable, a impressionné par sa polyvalence sur les terrains escarpés du camp.
Le Maroc, pilier du projet
Le Maroc n’est pas seulement un terrain d’essai pour les Dacia Sandriders. Il incarne une part vivante de l’histoire de l’équipe, une terre de lien et d’émotion. Nasser Al-Attiyah en parle avec une fierté sincère.
«Nous savons que Dacia est liée au Maroc, la voiture a fait ses premiers pas là-bas, et je suis fier, en tant que pilote arabe, de cette relation entre le Qatar et le Royaume. Nous avons une belle connexion avec ce pays et je suis heureux que le projet soit aussi enraciné là-bas», nous confie-t-il.
Ce lien avec le Royaume, il le ressent comme une évidence. Il fait partie de l’identité même du projet. Pour Cristina Gutiérrez, 3e pilote de l’équipe, le Maroc est bien plus qu’un repère logistique ou une étape incontournable. Elle le voit comme un moment charnière de la saison, à la fois exigeant et inspirant.
«C’est toujours une date en rouge dans le calendrier. Le terrain est exigeant, proche de celui du Dakar, et la navigation y est déterminante. Mais, surtout, il y a ce public fidèle, chaleureux, qui nous suit avec émotion», nous explique-t-elle.
Elle se souvient encore de la dernière édition du Rallye du Maroc. La voiture avait connu une panne juste avant le départ, et les attentes étaient modestes. Nous espérions simplement finir et on a terminé premier et deuxième. C’était très émouvant», glisse-t-elle.
Ce jour-là, la performance a dépassé les espérances, mais c’est surtout l’émotion collective qui reste gravée. Ce lien fort se retrouve aussi chez Fabian Lurquin, pour qui le Maroc n’est pas qu’un terrain d’entraînement. C’est un territoire intime, presque familial. Il nous raconte qu’il y vient depuis vingt ans. Son père, Daniel Lurquin, légende du Dakar, connu pour avoir été le copilote de Giniel de Villiers, y vit désormais, et il y compte de nombreux amis. Et puis «au Maroc, il y a tout ce qu’il faut, et, en plus, c’est proche de l’Europe», affirme le copilote de Sebastien Loeb.
Une équipe jeune au palmarès déjà solide
L’attachement au Maroc ne relève pas seulement de la sensibilité ou de la géographie. Il trouve un prolongement naturel dans les faits. C’est d’ailleurs au Maroc, lors du Rallye organisé à l’automne 2023, que l’équipe Dacia Sandriders a pris le départ de sa toute première course officielle. Un baptême du feu en conditions réelles, sur un terrain redoutable, mais familier, presque logique, tant le projet avait été façonné en grande partie en lien avec ce territoire.
Le Royaume n’a pas été qu’un décor de lancement, il a joué le rôle de déclencheur. Là où d’autres équipes commencent discrètement, Dacia Sandriders a fait le choix d’entrer dans l’arène marocaine, comme pour poser les bases de son ambition, avec courage et cohérence. Depuis cette première participation, les choses se sont enchaînées à un rythme soutenu. L’équipe, encore toute jeune, affiche déjà un parcours impressionnant.
Édouard Boulanger, copilote expérimenté, le résume avec justesse. «Nous avons gagné au Maroc, terminé quatrièmes au Dakar, remporté Abou Dhabi et deux étapes en Afrique du Sud», nous explique-t-il avec calme.
Il ne cherche pas à enjoliver les résultats, et n’élude pas non plus les erreurs, notamment cette faute de navigation qui leur a coûté une victoire.
«Mais ça fait partie de l’apprentissage», ajoute-t-il.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la progression est rapide. Aujourd’hui, malgré sa courte existence, Dacia Sandriders trône en tête du classement provisoire. Un accomplissement remarquable, d’autant plus que la concurrence est constituée de structures bien établies, disposant d’années d’expérience. Cette réussite, l’équipe ne la laisse pas lui monter à la tête. Elle la regarde avec la même distance constructive que ses échecs, comme un jalon de plus dans un chemin qui reste à tracer.
À la tête de ce collectif, Tiphanie Isnard veille à garder l’équilibre entre ambition et rigueur. Forte de ses dix-sept années d’expérience dans le sport automobile, elle incarne cette autorité bienveillante qui connaît les hauts, les bas, et surtout les zones grises entre les deux. Elle préfère évoquer les marges de progression plutôt que les podiums.
«Nous apprenons à chaque course. La voiture est encore jeune, elle a un an, et malgré les bons résultats, nous avons aussi connu quelques déconvenues. C’est notre rôle de tirer les leçons de chaque étape pour progresser», affirme-t-elle.
Elle se souvient encore du jour où tout a commencé, quand le premier prototype est sorti de l’atelier. À ce moment-là, personne n’aurait imaginé une telle montée en puissance.
«En douze mois, on a fait plus de 10.000 kilomètres de tests, quatre courses, dont deux victoires, une deuxième place et une quatrième», nous raconte-t-elle.
Mais au-delà du pilotage, une autre dimension pèse lourd dans la balance, la logistique. Les voitures de course ne se déplacent pas à la légère, et chaque rallye s’accompagne d’un ballet minutieux. La préparation pour le Dakar, par exemple, impose des délais serrés et une organisation sans faille.
«Pour le Dakar, les voitures embarquent en novembre. Cela signifie qu’après le Rallye du Maroc, qui se termine fin octobre, nous avons à peine quatre semaines pour tout démonter, réviser, reconstruire et expédier», explique-t-elle.
C’est une véritable course dans la course, une phase souvent invisible pour le public mais capitale dans le bon déroulement de la saison. Une fois envoyés, les véhicules enchaînent Abou Dhabi, l’Afrique du Sud, puis reviennent en Europe pour une nouvelle séquence de tests. Un calendrier dense, qui impose à l’équipe de fonctionner avec rigueur et anticipation, sans jamais perdre en précision.
Une dynamique vers la victoire
À ce stade de la saison, Dacia Sandriders ne ralentit pas la cadence. L’équipe s’apprête à franchir de nouvelles étapes cruciales, avec en ligne de mire le Dakar 2026. Après un premier semestre couronné de succès, le programme s’intensifie. La prochaine échéance les mènera en Amérique du Sud, avec le Desafío Ruta 40, en Argentine, une épreuve redoutée par tous les concurrents du championnat W2RC.
Ce rallye, prévu en juin, combine chaleur sèche, altitude et navigation piégeuse. C’est un passage obligé pour toute équipe qui vise le titre mondial. Mais c’est surtout le retour au Maroc, à l’automne prochain, qui mobilise déjà toute l’attention.
Le Rallye du Maroc, dernière manche du championnat, revêt une importance particulière pour les Sandriders. Il représente bien plus qu’une compétition de clôture. Il s’agit d’un retour symbolique aux origines, dans un pays qui leur a offert leur première ligne de départ, et qui leur a permis de valider en grandeur nature le potentiel du Duster.
Cette étape finale sera aussi décisive dans la course au classement général, puisque l’équipe aborde cette fin de saison en tête provisoire du W2RC.
Nasser Al-Attiyah
Pilote de l’équipe Dacia Sandriders et 5 fois vainqueur du Dakar
«Nous savons que Dacia est liée au Maroc, la voiture a fait ses premiers pas là-bas, et je suis fier, en tant que pilote arabe, de cette relation entre le Qatar et le Royaume. Nous avons une belle connexion avec ce pays et je suis heureux que le projet soit aussi enraciné là-bas».
Tiphanie Isnard
Team Principal The Dacia Sandriders
«Quand nous avons vu sortir le premier prototype du workshop, il y a un an à peine, personne ne s’attendait à une montée en puissance aussi rapide. En douze mois, on a fait plus de 10.000 kilomètres de tests, quatre courses, dont deux victoires, une deuxième place et une quatrième».
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO