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Bentley : Rencontre avec l’exception

Avec Bentley, la perfection automobile n’est plus un mythe, mais une finalité accomplie ou presque. Visite au cœur de la manufacture de Crewe, fief historique de la plus prestigieuse des firmes automobile britanniques.

Pour tout journaliste automobile, passionné, certaines invitations ne se refusent sous aucun prétexte. Malgré un emploi du temps très chargé en déplacements, me voilà parti à la découverte de l’une des manufactures automobiles les plus emblématiques: Bentley Motors. Un grand moment d’émotions qui démarre à la sortie de l’aéroport de Manchester, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Crewe, bastion historique de la marque au B ailé. Et pour cause, c’est une limousine Mulsanne à empattement long (ou Extended Wheelbase) et bardée de sophistications de confort qui me transporte dans un confort absolu. Mes pieds reposent sur une épaisse moquette en laine et mon corps sur un fauteuil arrière qui s’incline, se chauffe et me masse le dos… alors qu’il fait 3 °C dehors et qu’il pleut des cordes. Comble du confort et de l’insonorisation: le bruit des essuie-glaces est inaudible à bord! La durée du voyage est courte (moins de 48h), mais le programme est intense: présentation du département de personnalisation Mulliner, visite de l’usine, rencontre avec un designer et essais routiers de deux modèles (Bentayga W12 et Flying Spur V8S).

Des millions investis par le groupe VW

Fondée en 1919 par Walter Owen Bentley, la marque éponyme est propulsée au devant de la scène après 5 victoires aux 24H du Mans dans les années 1920. Suite à la crise financière de 1929, Bentley avait été absorbée par sa rivale, Rolls-Royce (en 1931), puis rachetée par le groupe Volkswagen en 1998. Grâce à ce dernier, l’usine historique de Crewe va être longtemps préservée, avant d’être modernisée. Pour la production de la première Mulsanne (remplaçante de l’Arnage), pas moins de 27 millions d’euros avaient été injectés sur le site en 2009. Il en a fallu 28 millions supplémentaires pour produire le SUV Bentayga. L’usine emploie quelque 4.000 personnes qui travaillent de façon consciencieuse, mais assez décontractée en écoutant leur musique et en gérant leurs horaires de pause. Parmi eux, 150 personnes travaillent sur la seule ligne de montage de la Mulsanne, vaisseau amiral de la marque. L’usine est assez robotisée, mais par endroits seulement, comme par exemple pour ce qui est des opérations de soudure et de rivetage de la carrosserie, ou encore l’usinage des moteurs. Cependant, beaucoup d’éléments demeurent strictement fabriqués à la main par des artisans passionnés. Autrement dit, des hommes et des femmes qui cultivent une certaine passion pour la perfection. Ici, la notion du «travaillé à la main» (ou handcrafted) prend toute son ampleur.

La perfection, une passion et une obsession
Notre «factory tour» se poursuit avec Nigel Lofkin, chargé d’accueil, 36 ans au service de Bentley, «du temps où j’avais encore des cheveux», nous dit-il tout sourire. D’un département à l’autre, nous découvrons avec lui la marqueterie, le travail du cuir et celui de la mécanique. Les explications fusent dans tous les sens et sont systématiquement surprenantes. Les boiseries utilisées proviennent du Canada, de Chine, d’Espagne ou d’Amérique, avec parfois des arbres californiens vieux de 100 ans! Le cuir, lui, vient d’une entreprise italienne (Conceria Pasubio) et est provient le plus souvent des peaux de taureaux, jugées plus résistantes que celles des vaches. Les moteurs sont systématiquement essayés, mais pour parer à toute avarie, un W12 est passé, chaque semaine, au banc d’essai, à plein régime pendant 8 heures non stop! L’usine, qui produit en moyenne, chaque jour, 30 Continental et Flying Spur, 28 Bentayga et 5 Mulsanne, tourne actuellement à plein régime et compte, cette année encore, dépasser les 10.000 unités. «Aucun label automobile n’est comme Bentley» martèle fièrement Lofkin, avant d’expliquer: «Nos voitures sont luxueuses, travaillées à la main, sportives et transportent la reine d’Angleterre». Si rouler en Bentley est une option évidente et accessible pour certaines têtes couronnées, son achat ou sa customisation chez Mulliner constitue, pour beaucoup de clients, une sorte de concrétisation du rêve de toute une vie. Enfin, Bentley est aussi un signe de réussite sociale et d’appartenance à une élite, puis surtout une preuve de bon goût.


Bentley, véhicule officiel de la reine d’Angleterre
Après avoir longtemps été transportée par des Rolls-Royce (des Phantom de 1950 et de 1977), la reine Elizabeth II a profité de son jubilé d’or, en 2002, pour changer de carrosse. Cette année-là, Bentley offre à la souveraine deux State Limousine: une imposante berline (6,22 m de long) réalisée par Mulliner sur la base de l’Arnage. L’auto arbore une teinte bicolore (bordeaux et noire), ainsi qu’une ligne à mi-chemin entre une limousine et un taxi londonien. Cette drôle de silhouette s’explique par l’importante garde au toit et la générosité des surfaces vitrées latérales. Une nécessité pour permettre à la reine de saluer ses sujets lorsqu’elle parade. Le peuple peut aussi l’admirer d’en haut via le toit vitré à opacité réglable. Le véhicule est bien entendu blindé, mais peut, malgré son poids alourdi, atteindre les 190 km/h grâce au V8 de 400 ch. Autre caractéristique de ce véhicule: il peut rouler à une vitesse constante régulée, pour les parades, à 14,5 km/h. En revanche, pas de minibar, ni de gadgets de confort: la reine n’en a pas voulu, semble-t-il. La couronne britannique reste en tout cas l’une des meilleures publicités pour la marque, d’autant plus que le prince William et la duchesse Catherine de Cambridge roulent, eux aussi, en Bentley, en l’occurrence une Flying Spur.


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