Ventes automobiles : une année déjà compromise

Face à un contexte économique incertain, le marché automobile marque le pas avec une troisième baisse consécutive des ventes de véhicules neufs, enregistrant un recul de 3,1% au premier trimestre 2024. Ce ralentissement, illustré par une diminution globale des transactions et exacerbé par des facteurs tels que l’introduction de normes environnementales plus strictes ainsi que des considérations saisonnières, met en lumière les défis considérables auxquels le secteur est confronté.

Le marché automobile traverse une période morose, marquée par une troisième baisse mensuelle consécutive des ventes de véhicules neufs. À la fin du premier trimestre 2024, le secteur a connu un recul de 3,1%, confirmant les inquiétudes des professionnels face à la situation économique délicate et à la diminution du pouvoir d’achat des ménages.

Dans le détail, les statistiques de l’Association des importateurs de véhicules automobiles au Maroc (AIVAM) révèlent que les ventes de voitures neuves au Maroc se sont élevées à 35.680 unités à fin mars 2024, en baisse de 3,09% par rapport à l’année précédente.

Les hausses des prix des véhicules, exacerbées par l’introduction de la norme Euro6 et la disparition progressive des modèles Euro4, notamment en diesel, contribuent à ce ralentissement. Un opérateur automobile souligne que «le calendrier saisonnier, notamment avec l’approche du mois de Ramadan, impacte également les comportements d’achat chez les loueurs. Ayant procédé à leurs acquisitions en fin d’année précédente, ces derniers réduisent leurs achats durant le premier trimestre». Un concessionnaire souligne l’impact du calendrier du Ramadan et les achats anticipés en fin d’année dernière, qui ont diminué les transactions au premier trimestre.

Par ailleurs, une baisse de la demande pour les voitures particulières a été observée, principalement due à la baisse du pouvoir d’achat et à l’inflation. Justement, les ventes de véhicules particuliers (VP) ont chuté de 5,97% à 31.741 unités. À l’opposé, les véhicules utilitaires légers (VUL) ont connu une hausse significative de 28,77% avec 3.939 unités vendues, stimulées par la reprise économique et le renouvellement des flottes d’entreprises en mars, principalement dans les grandes entreprises.

Les performances à fin mars
Dans le secteur des véhicules particuliers (VP), Dacia se positionne en tête avec 28,43% du marché, et 9.024 véhicules nouvellement immatriculés jusqu’à fin mars 2024. Renault suit avec 4.756 unités vendues, captant 14,98% du marché, tandis que Hyundai et Opel détiennent, respectivement, 8,37% et 5,63% du marché, avec 2.658 et 1.788 véhicules vendus.

Concernant le segment des véhicules utilitaires légers (VUL), Renault a vu ses ventes bondir de 84,62%, à 1.104 unités, ce qui lui confère 28,03% de part de marché. Ford a également connu une croissance impressionnante de ses ventes, avec une augmentation de 211,9% pour un total de 524 unités, représentant 13,3% de part de marché, selon les données fournies par l’AIVAM.

Pour les voitures de catégorie «premium», Audi mène le bal avec 1.120 unités vendues à la fin du mois de mars, soit 3,53% de part de marché. BMW et Mercedes se placent juste derrière, avec, respectivement, 854 et 762 unités vendues, correspondant à des parts de marché de 2,69% et 2,4%.

Une année atone
Le flou domine les prévisions pour le reste de l’année. Les acteurs du marché s’attendent à une année atone, anticipant un déplacement de la demande des véhicules diesel vers des alternatives plus écologiques telles que l’hybride ou l’électrique.

«Cette transition, cependant, est freinée par l’incertitude des consommateurs, hésitants face à la multiplicité des options et aux hausses tarifaires. Nombre d’entre eux préfèrent conserver leurs véhicules actuels plutôt que d’investir dans du neuf», confirme un acteur du marché.

Ces tendances soulignent les défis auxquels le secteur automobile est confronté, dans un contexte de préoccupations économiques globales et de changements dans les préférences des consommateurs. Les mois à venir seront cruciaux pour observer si le marché peut s’adapter et surmonter ces obstacles.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO