El Mahdi Moukni : “Notre ambition est de faire du véhicule d’occasion un pilier durable de la mobilité”

El Mahdi Moukni
Directeur du département Véhicules d’Occasion chez Toyota Maroc

El Mahdi Moukni, directeur du département Véhicules d’Occasion chez Toyota Maroc, décrypte pour nous les dynamiques de ce marché en pleine mutation, ses défis et les ambitions de Toyota Occasion pour en faire un véritable levier de croissance et de fidélisation.

Le véhicule d’occasion est-il devenu un pilier de la mobilité au Maroc ?
Le véhicule d’occasion est devenu un levier essentiel d’accessibilité à la mobilité pour une large partie de la population marocaine. Il complète le marché du neuf en rendant la mobilité plus abordable et inclusive. Son développement structuré profite à tout l’écosystème automobile : il stimule les reprises, soutient le financement, l’assurance et renforce l’activité après-vente. Pour Toyota, le VO représente également un axe stratégique de fidélisation et de conquête, à travers une offre encadrée, transparente et conforme aux standards de qualité de la marque. Dans un environnement encore très fragmenté, cette approche contribue à instaurer la confiance et à accompagner la professionnalisation progressive du secteur.

Comment le marché marocain du véhicule d’occasion se transforme-t-il vers plus de professionnalisme et de transparence ?
Le marché marocain du VO est en pleine transition vers plus de transparence et de structuration. Cette évolution est portée par la demande croissante, notamment des jeunes générations, à la recherche de solutions fiables et accessibles. Les constructeurs et opérateurs structurés y contribuent activement à travers des offres certifiées, des plateformes digitales et des services à forte valeur ajoutée (garantie, financement, reprise). L’enjeu, désormais, est de consolider ces initiatives dans un cadre global, afin d’harmoniser les pratiques et renforcer durablement la confiance des clients.

Quels sont encore les principaux freins à la structuration d’un marché aussi stratégique pour l’économie nationale ?
Le principal défi reste la diversité des circuits de distribution, souvent hétérogènes en matière de formalisme et de qualité de service. L’absence d’informations fiables sur l’historique ou le kilométrage des véhicules limite encore la confiance des acheteurs.
Il est également nécessaire de renforcer le cadre réglementaire, de faciliter l’accès aux données véhicules et d’accompagner la montée en compétences des acteurs du secteur.
Ces leviers sont essentiels pour bâtir un environnement plus transparent et compétitif, au bénéfice des professionnels comme des particuliers.

En quoi la digitalisation portée par la NARSA marque-t-elle un tournant pour le marché du VO ?
Effectivement, la digitalisation initiée par la NARSA (ndlr : notamment avec la plateforme mutationvehicule.ma) constitue une avancée majeure. Elle sécurise les transactions entre particuliers et renforce la transparence du processus. L’intégration des agences Barid Cash a par ailleurs rendu le service plus accessible. Ces initiatives démontrent la capacité du digital à simplifier les démarches et à renforcer la confiance. À terme, l’enjeu sera d’étendre ces solutions aux professionnels, via un portail dédié qui permettrait de fluidifier les transactions et de consolider l’écosystème.

Le secteur informel reste une menace pour la structuration du marché. Comment l’intégrer dans une dynamique formelle ?
Le poids du secteur informel reste une réalité. Il entretient une certaine opacité et freine la professionnalisation du marché. Pour y remédier, il faut encourager l’intégration progressive de ces acteurs dans le formel, notamment à travers des incitations fiscales, un accompagnement à la formation et des outils digitaux simplifiant les démarches administratives. La structuration du marché ne peut se faire sans une démarche inclusive.

L’absence d’une cote officielle depuis le retrait d’Argus Maroc nuit-elle à la transparence du marché ?
Absolument. Depuis 2020, le marché évolue sans référentiel officiel, ce qui engendre une grande variabilité dans les prix. Une cote nationale fiable, adaptée au contexte marocain, permettrait de renforcer la transparence, de fluidifier les transactions et de donner aux particuliers, institutions financières et assureurs un repère commun.

Comment expliquez-vous que certains véhicules d’occasion atteignent des prix proches du neuf ?
L’augmentation générale des prix s’explique avant tout par la tension entre une forte demande et une offre limitée. Les professionnels ajoutent de la valeur à travers des services, tels que le contrôle qualité, le reconditionnement, la garantie, ou encore l’accompagnement administratif. Ces prestations justifient en partie la marge appliquée, qui varie selon le type de véhicule, son état et le niveau de service associé. L’enjeu reste de préserver un équilibre entre compétitivité, rentabilité et transparence.

Quelles réformes réglementaires seraient nécessaires pour accélérer la professionnalisation du marché du VO ?
Plusieurs avancées ont déjà été réalisées, notamment avec la réforme fiscale de 2013 et la création du statut W18 VO. Cependant, il serait pertinent d’en étendre les bénéfices aux semi-professionnels afin d’encourager leur intégration dans le formel. Le retour d’une cote officielle, l’adaptation du processus de mutation pour les professionnels (suppression de la double taxation, revente avec récépissé provisoire, dispense de visite technique), et la mise en place d’un portail B2B dédié constitueraient des leviers puissants pour accélérer la modernisation du marché.

Dans un marché de plus en plus structuré, comment Toyota Occasion parvient-elle à se différencier ?
Notre différence repose sur trois piliers : la qualité, la transparence et l’innovation. Toyota Occasion se distingue notamment par son expertise en véhicules hybrides d’occasion, un segment où la marque est pionnière. Chaque véhicule est rigoureusement inspecté sur plus de 100 points, certifié, garanti et reconditionné selon les standards de Toyota. Nous offrons également un accompagnement complet (ndlr : administratif, technique et financier) afin d’assurer une expérience client fluide, sécurisée et conforme aux attentes actuelles en matière de mobilité durable.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO