ACTUAuto

Cédric Veau: « Structurer le marché du véhicule d’occasion, c’est renforcer toute la filière automobile »

Le véhicule d’occasion est devenu un maillon essentiel de la filière automobile marocaine. Entre l’informel encore dominant, la nécessité d’un cadre réglementaire clair et la digitalisation des démarches, le secteur entame une transformation profonde. Cédric Veau, Directeur Général de Bamotors Maroc, partage sa vision d’un marché à fort potentiel, à condition de lui donner les outils de sa structuration.

Pourquoi le développement du marché du véhicule d’occasion revêt-il un enjeu stratégique pour le Maroc ?
Le marché du véhicule d’occasion joue un rôle structurant pour l’ensemble de la filière automobile. Son développement soutient directement celui du neuf, notamment à travers des formules comme le buy-back ou la reprise garantie, qui facilitent le financement et la fidélisation des clients. Il contribue aussi au renouvellement du parc automobile, en rendant accessibles des véhicules plus récents et moins polluants. Enfin, un marché de l’occasion bien organisé garantit davantage de fluidité, de transparence et de qualité au bénéfice de tous les acteurs, du distributeur au consommateur.

Comment jugez-vous aujourd’hui l’état du marché marocain du véhicule d’occasion ?
Des progrès ont été réalisés, mais il reste encore beaucoup à faire. À part quelques grands distributeurs qui commencent à se structurer, la majorité des transactions se déroule encore dans l’informel ou entre particuliers. Cette situation limite la traçabilité, freine la professionnalisation du secteur et pénalise la confiance des acheteurs.

Quels sont, selon vous, les principaux obstacles à la formalisation de ce marché ?
Le poids de l’informel reste considérable, mais ce n’est pas le seul frein. Le manque de cadre réglementaire clair et l’absence d’informations fiables sur l’historique des véhicules compliquent la transparence. Les difficultés d’accès au financement, combinées à des procédures administratives encore lourdes, freinent également la dynamique de structuration. Pour que le marché puisse se développer durablement, il faut simplifier et clarifier l’ensemble de ces leviers.

L’absence d’une cote officielle, comparable à l’Argus, constitue-t-elle un handicap ?
Oui, c’est une lacune importante. Les professionnels disposent d’outils d’évaluation et d’une certaine expérience, mais pour un particulier, il est très difficile de déterminer la juste valeur d’un véhicule sans référence officielle. Une cote nationale apporterait plus de transparence et permettrait d’harmoniser les pratiques. Elle serait bénéfique autant pour les acheteurs que pour les vendeurs.

Les prix de certains véhicules d’occasion se rapprochent aujourd’hui de ceux du neuf. Comment l’expliquez-vous ?
Il faut distinguer la marge du prix de vente. Les marges sur l’occasion sont généralement faibles. Si les prix ont augmenté, c’est parce que la demande dépasse largement l’offre. L’inflation des dernières années sur le neuf a entraîné un report massif des clients vers le marché de l’occasion, créant une tension sur les stocks et donc sur les prix. Ce phénomène traduit un déséquilibre de marché plus qu’une recherche de profit excessif.

Quelles mesures permettraient, selon vous, d’accélérer la structuration du marché du VO au Maroc ?
Deux leviers sont essentiels : la simplification des démarches administratives et la digitalisation complète des procédures. Ces mesures permettraient de fluidifier les transactions et d’encourager davantage d’acteurs à rejoindre le secteur formel. Il est également crucial de faciliter l’accès au financement, notamment pour les acheteurs particuliers et les professionnels de la revente. Un cadre administratif clair et allégé pour les opérateurs de l’achat-revente serait une aide précieuse pour renforcer la crédibilité et la transparence du marché.


Du virtuel à la piste : au cœur de la fabrique technologique de Renault Group


Rejoignez lesecoauto.ma et recevez nos newsletters



Bouton retour en haut de la page