ESSAIS

Muscle car : Chevrolet Corvette ZR1, Terre Force One…

C’est la chips la plus croustillante du paquet Chevy ! La nouvelle Corvette ZR1 (C8) est l’expression ultime de la sportive U.S., de la “muscle car”. Elle est animée par le V8 le plus puissant jamais produit au pays de l’oncle Sam Hanks et de l’oncle Sam Schmidt – deux légendes de l’IndyCar. Cubant 5.5 litres de cylindrée et travaillant en bonne intelligence avec deux turbos, de même qu’avec une boîte à double embrayage à 8 rapports, le moulin de cette bête développe 1.079 ch et 1.123 Nm de couple ! Le rodéo promet d’être démoniaque !

Chevrolet vient de lever le voile sur sa nouvelle arme de destruction massive (du moral de ses rivales). La marque au noeud-pap’ a offert à la huitième génération de sa sportive la plus emblématique, la Corvette (Vette pour les intimes), une déclinaison ZR1 plus énervée que jamais. Un dragster à moteur central arrière qui a le diable au corps (vette), dépositaire d’une tradition née en 1990 avec la ZR1 C4, qui vous arrachera un “Allah yester” ou une profession de foi à chaque accélération.

Trump devrait adorer la nouvelle ZR1. Elle permet de “make America great and glorious again”, rend ses lettres de noblesse à la sportive “yankee” et s’invite à la table des sprinteuses européennes les plus redoutables, les Ferrari, McLaren… Face à ses nouveaux convives, General Motors n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.

En fait, ce sont des pelleteuses, des tractopelles et des niveleuses qui ont fait office de couverts… Le moins que l’on puisse dire est que cette Corvette ZR1 emploie une recette simpliste, vieille comme le monde automobile. Pour aller vite, rien de tel qu’un gros moteur, un V8 biturbo de 5,5 litres de cylindrée, en l’occurrence. Signe particulier : c’est le V8 le plus puissant de l’histoire de l’industrie automobile U.S. !

Jusqu’alors, c’est le “palpitant” de la Dodge Challenger SRT Demon 170, son V8 suralimenté 6,2 litres de 1.025 chevaux et 1.281 Nm de couple, qui se prévalait de ce statut. Les écuries de la Corvette ZR1 sont plus vastes, plus “augiasques”, puisqu’elle développe la “bagatelle” de 1.079 purs-sang. En revanche, la Dodge garde la main en matière de couple maxi, du fait de sa cylindrée de big-block. La ZR1 doit en effet se “contenter” de 1.123 Nm.

La gâchette la plus fine de l’Ouest
On récapitule : 1.079 chevaux et 1.123 Nm pour la Corvette d’usine la plus “badass” de tous les temps, qui envoie toute la “purée” aux (seules) roues arrière via une boîte robotisée à double embrayage à 8 rapports. Est-ce bien raisonnable ? Pas du tout !
Mais, au pays du Grand Old Party, des Rednecks, ou encore du Maxi Best Of et des mariages en chaîne à Reno ou Las Vegas, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Les quatre roues motrices, c’est pour les faibles, pour les membres de la team “Sleepy Joe” ! Les cowboys, eux, les vrais de vrais, ne s’exclament “yee-haw” qu’au volant d’une propulsion “surmotorisée”. Ils seront servis avec cette ZR1, qui développe 324 ch de plus que la ZR1 C7. Le rodéo promet d’être épique, endiablé ! L’aberration dans toute sa splendeur.

Chevrolet annonce des performances stratosphériques, notamment une vitesse maxi de 346 km/h. La ZR1 avalerait par ailleurs le “quarter mile” (402 mètres et des poussières) départ arrêté en moins de 10 secondes et accélérerait de 130 km/h à 320 km/h en 24,5 secondes. Le 0 à 100 km/h n’est pas communiqué, mais il ne fait aucun doute que le chrono sera démentiel.

Pour rappel, la Z06, qui chapeautait la gamme Corvette jusqu’alors, n’a besoin que de 2,6 s pour passer de l’arrêt à 100 km/h. Pour atteindre de telles cimes, Chevrolet n’a pas fait dans la demi-mesure. Deux gros turbocompresseurs ont été greffés au V8 atmo’ 5,5 l LT6 “Gemini” de 679 ch de la Corvette Z06, bloc doté d’un vilebrequin plat et gratifié, à sa sortie, en 2021, du statut de V8 à aspiration naturelle le plus puissant de la production mondiale. Les deux turbines sont intégrées au collecteur d’échappement, ce qui permet de réduire la distance entre elles et la soupape d’échappement et d’améliorer, ce faisant, la réactivité du moteur.

Une Z06… 66 (méphistophélique)
Les motoristes de la firme de Détroit ont également offert au V8 de la ZR1 un nouveau système d’admission pour une induction d’air optimale, un meilleur taux de compression, de même que diverses pièces mobiles moulées. Ils ont également “poussé les murs” de la chambre de combustion, la rendant plus grande, ce qui a pour incidence une circulation des gaz et une combustion optimisées.

Enfin, le calage du train de soupapes et le profil de levée ont également été repensés pour une induction forcée et une température d’échappement maîtrisée. Du grand art ! Les 1.079 ch sont atteints à 7.000 trs/min, mais l’aiguille du compte-tours grimpe plus haut, ne met un terme à sa séance d’escalade qu’après avoir atteint une altitude de 8.000 trs/min. Inutile de vous dire alors que le V8 biturbo, capable de borborygmes qui filent des papillons au ventre à bas régime, se met à chanter aussi mélodieusement qu’un V8 italien, à en croire General Motors, qui promet une sonorité “exhilarating”, grisante, enivrante.

Pour que ses gommes impressionnantes, ses pneumatiques de 275/30ZR20 à l’avant et de 345/25ZR21 à l’arrière ne partent pas en fumée, la nouvelle ZR1 est équipée d’un dispositif électronique destiné à limiter le couple sur les deux premiers rapports. Les jantes maousses qu’elles enrobent permettent de loger sans peine les disques XXL du système de freinage renforcé (400 mm à l’avant et 390 mm à l’arrière. Néanmoins, il a fallu élargir les ailes pour que la gomme ne frotte pas au niveau des passages de roues.

Résultat : l’auto affiche ainsi quelques centimètres en rab’ par rapport aux 2,02 mètres de large de la déjà monumentale Z06. Un tank… supersonique. La longueur (4,72 m) et la hauteur (1,23 m) n’évoluent pas, pour leur part. Avec son kit aéro qui ne déparerait pas sur les “rockets” ou les “jet cars” qui se tirent la bourre sur la Bonneville Speedway, piste de vitesse tracée sur le Great Salt Lake Desert (en Utah, États-Unis), la ZR1 affiche une force d’appui jamais vue sur une Corvette.

La traînée est réduite par rapport à la Z06 et les pièces mobiles, notamment le petit aileron réglable, mais aussi les séparateurs en fibre de carbone et la prise d’air latérale, qui dispose d’un système de refroidissement intégré, complètent la panoplie. Si la Z06 est aussi menaçante qu’un American Staffordshire Terrier (gueule ouverte), c’est un Amstaff exposé aux rayons gammas que nous présente Chevrolet avec cette ZR1. Le grand méchant look ! Le nouvel opus de la Chevrolet Corvette ZR1 entrera en production début 2025, au sein de l’usine GM de Bowling Green, au Kentucky. Elle sera disponible en coupé et en cabriolet, à des tarifs qui, s’ils n’ont pas encore été révélés, devraient franchir allègrement la barre des 200.000 euros aux États-Unis.

Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO AUTOMOBILE


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