Approvisionnement VO : comment les marques sécurisent leurs stocks

Face à un marché du véhicule d’occasion en pleine structuration, distributeurs et constructeurs redéfinissent leurs stratégies d’approvisionnement. Reprise client, flottes professionnelles, partenariats B2B et standards qualité : chaque marque affine son modèle pour sécuriser ses flux, garantir la transparence et renforcer la confiance des acheteurs.
C’est la tendance lourde qui se dégage : la reprise client s’impose comme la principale source d’approvisionnement pour la majorité des marques. Chez Toyota Occasions, Autoccaz (Groupe Auto Hall), Kia Occasion ou encore JLR Approved, ce levier stratégique garantit la maîtrise de la qualité du stock et la traçabilité des véhicules.
«Notre priorité, c’est la reprise client : un flux traçable, transparent et cohérent avec l’écosystème du Groupe», souligne Sanaa Zagouri, DG d’Autoccaz.
Même son de cloche chez El Mahdi Moukni, directeur VO de Toyota Occasions, pour qui ce canal «permet de contrôler la qualité du stock et d’offrir un bon rapport qualité-prix au client final». Cette politique n’est pas seulement une question d’approvisionnement, mais aussi de fidélisation : le client revend son ancien véhicule pour en acheter un nouveau, créant ainsi une relation de continuité entre les deux transactions.
Des approvisionnements plus variés et mieux maîtrisés
Si la reprise client domine, la diversification des flux devient essentielle pour maintenir un volume constant et une offre adaptée à tous les segments. Flottes d’entreprises, véhicules de location longue durée (LLD), véhicules de démonstration ou de fonction… les canaux se multiplient. Auto Hall et Toyota s’appuient sur ces apports réguliers pour compléter leur parc.
GlobalOccaz, de son côté, revendique un modèle hybride, «60% particuliers et 40% LLD», un équilibre qui lui permet d’allier réactivité commerciale et volume stable.
Ziyad Kalam, directeur de l’activité VO chez Stellantis, évoque également une approche multi-sources : «Nous achetons et proposons les reprises à nos clients, tout en collaborant avec les principaux acteurs du marché». Une manière d’ancrer la stratégie VO dans une logique de réseau, où partenariats et synergies deviennent des accélérateurs de croissance.
Une montée en gamme par la qualité et la certification
Les marques n’en font pas mystère : la clé de la confiance, c’est la qualité certifiée. Les véhicules ne sont plus revendus «tels quels» mais passent par une chaîne de reconditionnement et de contrôle rigoureuse. Kia Occasion impose par exemple des critères précis : moins de 5 ans, moins de 120.000 km, une expertise sur 105 points de contrôle et une garantie pouvant atteindre 5 ans.
Chez JLR Approved, l’exigence est tout aussi élevée. Les véhicules de reprise, de démonstration ou de courtoisie sont intégrés dans le circuit VO uniquement après validation complète de leur conformité aux standards Jaguar Land Rover.
Cette professionnalisation du VO illustre une mutation de fond. Celle d’un marché marocain qui se hisse aux standards internationaux, pour tenter d’endiguer l’image du «marché gris» et permettre d’adopter des pratiques industrielles et certifiées.
Des stratégies à l’image des marques
Derrière des points communs évidents, chaque acteur affirme son identité propre :
Autoccaz mise sur la cohérence d’un écosystème intégré, où chaque succursale alimente un réseau homogène.
Kia Occasion capitalise sur la fidélisation client et la maîtrise interne de ses flux.
Toyota et Stellantis privilégient la puissance commerciale et la diversification, en s’ouvrant à des partenariats inter-concessionnaires.
JLR Approved reste fidèle à son positionnement premium, en valorisant la provenance exclusive de ses véhicules.
GlobalOccaz joue la carte de la flexibilité, s’adaptant aux opportunités du marché pour maintenir des prix compétitifs.
Un marché en pleine maturité
Au fil des années, le véhicule d’occasion n’est plus un simple produit de substitution, mais un segment stratégique à part entière. Les constructeurs l’ont compris : le VO n’est plus un «second marché», mais un levier de rentabilité, un outil de fidélisation et un vecteur d’image. Avec des approvisionnements mieux structurés, des standards de qualité renforcés et une transparence accrue, le marché marocain du VO entre dans une nouvelle ère : celle de la maturité, de la traçabilité et de la confiance.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO







