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Citadine BEV : Renault 5 E-Tech electric, elle a tout d’une grande “Renaulutionnaire” !

Bonjour, je suis la Renault 5. À la ville et sur la route… on m’appelle aussi Supercar. C’est avec cette signature, ce slogan, que cette citadine iconique, vendue à plus de 9 millions d’exemplaires (en comptabilisant les ventes de la Supercinq, la deuxième génération, commercialisée en 1984), lançait sa carrière en 1972. Cinquante-deux ans plus tard, son héritière, 100% électrique et adepte de “rétrofuturisme”, a été dévoilée sur le stand genevois de Renault. Un bel objet, doublé d’une leçon magistrale en matière de mobilité durable !

Le Renault 5 Prototype, dévoilé début janvier 2021, plus précisément le jour où la première “barricade” de la Renaulution fut installée, c’est un peu la “Liberté guidant le peuple”, la “Marianne” de Luca de Meo, le porte-drapeau du plan stratégique du CEO de Renault Group pour faire passer le constructeur au losange de “l’Ancien régime” à l’ère de la mobilité durable et rentable. Un emblème, comme l’explique si bien la marque française en parlant du modèle de série, présenté trois ans et des poussières après le “show car” (quand la phase de développement d’un modèle nécessite généralement quatre années pleines), et très proche de ce dernier esthétiquement parlant.

«Renault 5 E-Tech electric, c’est bien plus qu’une voiture ! Elle arrive au moment où va se jouer la grande bascule de millions d’Européens vers une mobilité électrique, connectée et durable. Elle a aussi entrainé la transformation de Renault Group en entreprise automobile de prochaine génération. Pour la développer en trois ans, en France, avec ce niveau de qualité technologique et électrique, toutes nos décisions devaient être disruptives. Et notre organisation, la plus agile possible. Avoir été les premiers à faire le choix d’une plateforme 100% électrique pour une petite voiture en Europe, optimiser les coûts sur toute la chaîne de valeur, relocaliser notre écosystème industriel…, seule une voiture iconique pouvait faire cela».

Ces mots sont de Luca de Meo, qui s’y connaît en “revival” de voitures iconiques. On parle du “père” de la Fiat 500 III (2007), modèle dont la génération actuelle, 100% électrique, sera une rivale frontale de la R5 E-Tech !

L’union sacrée
À part pour son blase, sa silhouette et son habitacle néo-rétro, frais comme un matin de printemps, marqués par maints clins d’œil au passé, cette R5 ne regarde pas dans les rétros, projette plutôt son regard le plus loin possible sur la route, étant avant-gardiste à bien des égards. Ses concepteurs expliquent que tous les savoir-faire de Renault Group ont été mis à contribution.

En effet, Renault a fait appel à l’expertise des équipes de Mobilize et d’Ampere, les “startups” du groupe dédiées à l’électromobilité et au software. Des équipes qui ont travaillé en bonne intelligence, «en mode commando, selon un processus inversé from sketch to», apprend-on dans un communiqué de presse aux allures de message envoyé de quelque part dans l’espace par quelque intelligence supérieure.

Le “from sketch to street” ? “Kézako” ? Le document en question vient à notre rescousse : «alors que le design du véhicule est habituellement contraint par la plateforme sur laquelle il va s’appuyer, cette fois-ci les ingénieurs ont dû imaginer la plateforme qui correspondait au coup de cœur de Luca de Meo : une maquette en résine imaginée par le “Design avancé”. Renault 5 E-Tech electric est le premier véhicule entièrement conçu à partir d’AmpR Small, la nouvelle plateforme d’Ampere dédiée aux véhicules électriques du segment B». Une première qui va faire date.

Selon la marque au losange, les bénéfices d’une telle approche sont nombreux : plancher plat, empattement long (2,54 m), habitabilité et volume de coffre (326 litres) optimisés, centre de gravité abaissé, poids contenu (moins de 1.500 kilos), etc.

Des dessous au-dessus de la mêlée
La fiche technique de la Renault 5 E-Tech permet de mesurer le chemin parcouru par ce pionnier de l’électrification qu’est Renault depuis 2009 et la présentation des quatre concept-cars ZE (zéro émission). Si la Zoe, au catalogue européen de la marque depuis 2012, est une bonne petite citadine écolo, sa remplaçante, a tout d’une grande… bagnole. De celles qui marquent leur temps.

Pourtant, elle ne mesure que 3,92 m de long, soit 16 cm de moins que la Zoe, et ne fait pas dans la surenchère par rapport à son aînée. Intégrée au plancher, sa batterie lithium-ion NMC (moins commune sur les petits véhicules électriques que les batteries dotées de cellules LFP) offre le choix entre deux capacités (40 kWh et 52 kWh) et la plus grande des deux dispose précisément de la même capacité que la dernière variante de la Zoe. Pourquoi en faire plus quand, dans sa configuration la plus modeste, cette batterie garantit déjà un rayon d’action honorable à la R5 ? 300 km d’autonomie (cycle WLTP) pour une citadine. Honnête, non ? Si vous estimez que c’est un peu juste, la grande batterie, réservée à la variante la plus puissante de la R5, est faite pour vous. Le rayon d’action passe alors à 400 km. La recharge rapide en courant continu (jusqu’à 100 kW) permet de passer de 15% à 80% de charge en 30 minutes.

En revanche, le modèle de base, celui qui dispose du petit moteur et de la petite batterie, n’a pas droit à la recharge rapide. Renault se rattrape en dotant sa R5 d’un chargeur bidirectionnel de 11 kW pour les charges en courant alternatif. Le véhicule est ainsi compatible avec les technologies V2L (vehicle-to-load) et V2G (vehicle-to-grid), qui permettent respectivement d’alimenter des pièces rapportées, des appareils externes, et de revendre de l’énergie au réseau électrique. Évoquons des choses moins absconses pour nous autres, occupants du dernier wagon du train de la transition énergétique.

Placé sur le train avant, le moteur électrique synchrone à rotor bobiné, sans aimants permanents et sans terre rare (“weld darhoum”, “propre sur lui”, en d’autres termes), donne le choix entre trois niveaux de puissance, produit 95 ch et 215 Nm dans sa version la moins puissante et 122 ch et 225 Nm dans sa variante intermédiaire. C’est deux chevaux et 60 Newton-mètres de plus que la mythique Super 5 GT Turbo, bien plus légère, certes (830 kg). Enfin, la version la plus poussée de cet électromoteur développe 150 ch et 245 Nm. Elle chasse quasiment sur les terres de la légendaire Renault 5 Turbo 2 (160 ch et 220 Nm). Évidemment, on n’a pas affaire à des sportives. Notez, cependant, qu’une “R5 GTI” figure bien au programme. Mais elle sera “externalisée. Le rôle de la “hot hatch”, c’est l’Alpine A290 qui le campera bientôt. Elle sera dévoilée en juin prochain.

Tout pour plaire
L’avant-garde technologique, c’est aussi à bord de la citadine française que ça se passe. Le caractère rétro est présent en force, grâce aux sièges façon Renault 5 Turbo 1, aux couleurs vives, au choix des matières. La fibre écolo, l’engagement en faveur de la durabilité, ne sont pas en reste : recours à des matériaux recyclés et au “bannissement” du cuir animal. Il n’empêche que c’est la dimension “Concorde à quatre roues” de cette citadine qui fait le plus d’effet. Sacré duo que celui que composent le combiné d’instrumentation (de 7 ou 10 pouces, selon le niveau de finition) et l’écran central de 10,1 pouces, qui donne accès au système multimédia OpenR Link. Un “infotainment” qui intègre, dès la finition intermédiaire, l’OS Google Automotive, mais aussi l’inédit et très dégourdi assistant vocal Reno. Ce dernier fait appel à ChatGPT quand les besoins des passagers dépassent son domaine de compétences.

En parlant de dépassement de domaine de compétences, sachez qu’il ne sera que brièvement question de look extérieur. Motif : Bibi n’est pas poète. Il faudrait être, au bas mot, l’épigone de José-Maria de Heredia pour rendre justice à la dégaine incroyable de la R5 “new age”, pour pondre un sonnet à sa mesure, une ode à ce mariage heureux entre contemporanéité et héritage.

Avec le liseré rouge qui ourle le sommet des vitrages façon gouttières de la R5 première du nom en fil rouge de ce sonnet… D’autres douces réminiscences du passé mériteraient qui un quatrain, qui un sonnet. Citons les feux avant et arrière, ou la palette de couleurs pop, “acidulées”. Cela dit, c’est principalement la silhouette et le look d’ensemble de cette citadine qui offrent un programme de personnalisation costaud, qui fera ressentir des papillons dans le ventre aux nostalgiques. Les logos “5” rétroéclairés, notamment celui sur le capot, qui fait office d’afficheur de niveau de charge lorsque le véhicule est branché, ou les superbes jantes de 18 pouces, proches de celles du prototype, sont beaucoup moins “old school”. La grille tarifaire de la R5 E-Tech electric n’a pas encore été dévoilée, mais Renault annonce un prix de base très compétitif, inférieur à 25.000 euros. Pour séduire sa cible principale, le “primo-accédant” européen à l’électromobilité, la citadine au losange peut aussi compter sur son lieu de naissance. Elle est produite en France et sera donc éligible à des bonus écolos en Europe.

Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO AUTOMOBILE


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